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le grand liivre de la magie le grand liivre de la magie

La Lune et le Serpent

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Nom de la série : La Lune et le Serpent
Titre du Tome: le grand liivre de la magie
Scénario : Alan Moore, Steeve Moore
Dessin : Kevin O'Neill , Rick Veitch, Steve Parkhouse ,Ben Wickey , John Coulthart
Couleur : artistes du Label Top Shelf
Maison d'édition : delcourt

   Les éditions Delcourt nous proposent un ovni dans leur catalogue éditorial. Un album singulier plus proche du grimoire que de la BD. "La Lune et le Serpent, Le Grand Livre de la Magie" est une œuvre magistrale signée par Alan Moore & Steve Moore et illustrée par divers artistes du Label Top Shelf 
 
      Depuis des décennies, Alan Moore , créateur visionnaire de Watchmen, From Hell ou Promethea, n’a cessé de tisser des liens entre l’écriture, le symbole et le sacré. Avec La Lune et le Serpent — Le Grand Livre de la Magie, il livre son œuvre la plus intime et la plus déconcertante : un grimoire contemporain, mi-essai, mi-roman, mi-BD, né d’une collaboration fraternelle avec son ami et mentor Steve Moore.
L’ouvrage se présente comme une traversée des siècles, un carnet d’érudition et de folie poétique où se mêlent alchimistes, poètes, esprits, cabalistes, anges déchus et artistes inspirés. Moore y aborde la magie non comme un art de prestidigitation, mais comme une langue secrète du monde, une forme d’écriture absolue. Chaque chapitre explore un aspect de cette “science du réel invisible” — des mythes antiques aux mouvements surréalistes, des visions de Crowley aux rêves de Northampton, ville natale et totem de l’auteur.
Mais derrière ce foisonnement symbolique se cache aussi une profonde méditation sur la création, la mémoire, et la manière dont l’imagination peut façonner le monde. La Lune et le Serpent n’est pas un simple livre sur la magie : c’est une expérience de lecture qui veut transformer le lecteur lui-même.
   Alan Moore déploie ici tout son génie verbal. Loin des structures narratives classiques, il adopte une prose incantatoire, presque liturgique, où chaque mot semble pesé comme un élément d’un sortilège. Les passages en prose alternent avec des fragments poétiques, des dialogues rituels, des pastiches d’anciens grimoires ou de traités mystiques.
C’est à la fois une somme érudite et une confession : Moore y revisite sa propre trajectoire d’écrivain-mage, évoquant le moment où il a “abandonné la fiction pour la sorcellerie” — tout en expliquant que les deux ne font qu’un. On retrouve cette dualité constante : la magie comme métaphore de la création artistique, et l’écriture comme rituel de pouvoir.
Le texte, exigeant et foisonnant, invite à une lecture lente, presque méditative. Ce n’est pas un livre qu’on “lit”, c’est un livre qu’on habite.
   L’ouvrage bénéficie du talent d’un collectif d’illustrateurs issus du label Top Shelf (et du cercle artistique d’Alan Moore), chacun apportant sa vision visuelle de la magie. Le résultat est un kaléidoscope d’images : gravures symbolistes, illustrations mystiques, tableaux psychédéliques et séquences de bande dessinée plus traditionnelles.
L’ensemble évoque un grimoire vivant : les images ne se contentent pas d’illustrer le texte, elles en prolongent le sens, le commentent, le perturbent parfois. Les codes typographiques changent au fil des chapitres, les symboles se répètent, se transforment, jusqu’à donner à l’ensemble une sensation d’ouvrage rituel, presque organique.
Graphiquement, c’est un objet hybride, à mi-chemin entre le livre d’art et la BD ésotérique, qui pousse à la contemplation autant qu’à l’interprétation.
   Avec La Lune et le Serpent — Le Grand Livre de la Magie, Alan Moore signe sans doute son testament spirituel et artistique. À la fois, œuvre complexe et poème cosmique, le livre réunit tout ce qu’il a exploré dans sa carrière : la puissance du symbole, la frontière poreuse qu'il existe entre fiction et vérité, et cette conviction profonde que les mots sont des actes magiques.
Le lecteur, au fil des pages, passe du rôle de spectateur à celui d’initié. Et quand la dernière incantation s’éteint, une question persiste :
 La magie, au fond, n’est-elle pas simplement l’art de croire assez fort pour rendre le monde meilleur ?

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : bibione

Nombre de chroniques publiées : 63