Nom de la série : La mécanique
Tome : 1
Titre du Tome: En moi le chaos
Scénario : Kevan Stevens
Dessin : Jef
Couleur : Jef
Maison d'édtion : SOLEIL
Un univers sombre où la nature et l’espoir n’existent plus, où la technologie et les règles tyranniques dirigent tout, seuls les interdits comme la musique, la lecture ou la drogue permettent encore de s’évader. Un premier tome qui plante le décor d’un avenir angoissant mais qui donne envie de lire la suite
A l’entrée de la ville, les migrants campent sous des abris de fortune. Sur le toit d’une tour, un homme en fauteuil roulant ultra équipé les observe tout en regardant une vieille photo représentant ses enfants et lui à une époque où tout allait bien. Cet homme n’est autre que le Mayor de Mégalopolyon, l’homme le plus puissant de la ville. Le Mayor n’aime pas le bonheur et les gens heureux, ce pourquoi il prend régulièrement son fusil à lunette et va descendre quelques têtes. C’est à ce moment-là que Safir sa fille apparaît à ses côtés. S’enchaîne une discussion autour de Pauli, le fils de la famille qui visiblement a quelques soucis et l’interdiction de rejoindre la ville tout comme elle. Mais ils vont braver les interdits et Pauli va disparaître. Pendant ce temps, dans un cabanon, Vananka, un musicien clandestin, prend du bon temps avec une fille jusqu’à ce qu’un messager vienne lui apporter un courrier dans lequel il y a un laissez-passer pour la ville. Vananka prépare alors rapidement ses affaires qui tiennent dans un sac à dos dont une guitare en kit. Il se rapproche de la zone de contrôle pour embarquer sur le Tecknocraft à destination de Mégalopol.
L’univers proposé par Kevan Stevens et Jef, qui avaient déjà collaboré ensemble sur « Le convoi », nous propose un univers futuriste où l’on ne parle plus de problème climatique puisque ce mot n’existe plus, ni d’avancée technologique tellement cette dernière a pris le pas sur la vie mais en revanche la surpopulation, l’empilement d’habitations dans les mégalopoles, le mélange d’humains et de robots, les différences sociales, la soif de pouvoir font partie du quotidien. Petit détail non négligeable, la littérature et la musique sont maintenant considérées comme des éléments terroristes et donc interdites. Une drogue de synthèse nommée « Le blast » est venue combler le vide et procure des sensations d’ondes musicales dans le corps mais pas sans conséquence.
Dès les premières planches, les personnages et les lecteurs sont plongés dans cet univers glauque fait de moyens de locomotion volants, d’habitations empilées les unes sur les autres et une population composée d’un mélange de robots et d’humains qui viennent contraster avec la misère des camps, le manque de biens de certaines personnes et des façades d’immeubles d’un autre temps avec une partie de la population qui vit en sous-sol et n’a jamais vu la lumière du jour. La police a le droit de vie ou de mort sur la population au point de faire elle-même ses jugements sur le trottoir ou de brûler des livres et son propriétaire lorsqu‘elle en trouve. Un univers somme toute que nous avons déjà vu au rayon science-fiction mais celui-ci a une saveur particulière, un univers très cinématographique sûrement dû au cursus du scénariste et sublimé par le talent et la folie de Jef à la fois par ses effets graphiques, ses décors détaillés et ses couleurs sombres et oppressantes.
Un premier volet, d’une série composée de trois albums, qui plante naturellement le décor et les personnages et qui laisse entrevoir quelques scènes d’action de violence et de sexe prometteuses pour la suite lorsque les personnages vont se croiser dans leurs diverses aventures.
Un univers envoûtant qui mérite d’être exploré et suivi.