Nom de la série : La mécanique
Tome : 3
Titre du Tome: Chamka
Scénario : Kevan Stevens
Dessin : Jef
Couleur : Jef
Maison d'édition : SOLEIL
Une vaste opération de nettoyage a été lancée par le Mayor dans la cité pour éradiquer une drogue de synthèse déployée par la secte de Ganz, qui ravage la population. Pendant ce temps, sa fille Saphir se rapproche des triades et recherche désespérément son frère Pauli. Quant à Vananka, il tente de trouver un passeur pour renouer avec son passé et celui d’Isabelle. La Mécanique s’enraye.
Avec Chamka, deuxième volet de La Mécanique, Kevan Stevens et Jef poursuivent leur dissection d’un monde en panne, où les rouages d’une société déshumanisée grincent jusqu’à la rupture. Les personnages, tous d’un charisme certain, se retrouvent prisonniers d’un univers où la violence, la drogue, les magouilles politiques et les trafics humains forment le quotidien. Seules la musique et l’amour tirent leur épingle du jeu — à condition de rester clandestins.
Sur le plan graphique, Jef confirme son statut d’architecte visuel. Il entraîne le lecteur dans les bas-fonds d’une société à bout de souffle, à travers un trait sombre, des décors glauques et des personnages improbables. Tous les genres s’y croisent, provoquant un léger malaise : au fil des pages, le souffle se fait court, les lumières s’éteignent, et le lecteur se retrouve piégé dans cette lecture suffocante. Une véritable immersion.
Côté scénario, Kevan Stevens densifie encore sa mécanique narrative. Son intrigue devient aussi complexe que la cité qu’il dépeint. Les histoires personnelles et les intrigues s’entremêlent, parfois de manière déroutante, mais cela répond à la logique de ce monde où chacun tente simplement de survivre. Autant dire qu’il vaut mieux éviter de trop s’attacher à certains personnages.
On pourrait reprocher à Chamka quelques zones d’ombre, des transitions brusques ou une intrigue volontairement fragmentée. Mais c’est précisément dans cette fragmentation que réside sa force : Stevens et Jef composent une fresque chaotique, à la fois politique et existentielle, où la perte de sens devient le moteur même de la narration. Chaque case, chaque silence, chaque explosion de noirceur rappelle que dans cette dystopie, la mécanique continue de tourner — indifférente, implacable, broyeuse d’âmes.
Ce second tome confirme l’ambition d’une œuvre rare : un cyberpunk à la française, dérangeant, violent, angoissant et prémonitoire d’un avenir sans oxygène. Un troisième volet viendra clore cet univers qui, sans aucun doute, s’imposera parmi les grandes sagas de science-fiction, aussi bien sur le plan graphique que narratif.
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