Nom de la série : La Mise à mort du tetras lyre
Scénario : David Combet
Dessin : David Combet
Couleur : David Combet
Maison d'édition : Glénat
Pierre, un jeune artiste en galère, revient sur sa jeunesse et sur ses rapports compliqués avec son père, dont les attentes ne correspondent pas vraiment au caractère de son fils... La mise à mort du tétras lyre est un roman graphique passionnant dans laquelle le héros est en quête d’émancipation. A découvrir !
Pierre, enfant rêveur et sensible, grandit sous le regard d’un père un peu vieux jeu... Chasseur et adepte d’une masculinité rigide, il compte bien transmettre ses valeurs à son fils.
Alors, les escapades en montagne, censées forger un « vrai homme », deviennent pour Pierre des moments de tension, où le fusil imposé pèse plus lourd que les crayons et les carnets de dessin qu’il préfère. Ces scènes de chasse, symboles d’une virilité imposée, contrastent avec les moments de grâce où Pierre s’évade par le dessin ou l’observation de la nature.
Entre l’enfance et l’âge adulte, le récit alterne entre souvenirs douloureux et présent incertain : Pierre, désormais trentenaire, peine à trouver sa place, tant sur le plan artistique que sentimental. Son parcours, jalonné de doutes et de prises de conscience, est celui d’un homme qui doit affronter son histoire pour enfin se libérer du poids d’un héritage étouffant.
David Combet signe ici un récit passionnant, où chaque flashback (enfance, adolescence, âge adulte) permet de comprendre les désaccords et les différences entre le père et le fils. Plus les années avancent et plus le fossé se creuse entre Pierre et son père. On comprend alors en partie comment les blessures d’enfance façonnent l’adulte : la quête de soi, le conflit entre héritage et désir d’émancipation, la découverte de l’homosexualité dans un environnement hostile... Ces flashbacks, d’une grande justesse, ne sont jamais gratuits : ils éclairent les blessures intimes du héros, ses blocages, mais aussi les silences et les maladresses d’un père qui, derrière son autorité, cache sa propre impuissance et sa peur du changement.
Et si le scénario est plaisant, que dire des dessins : ils sont tout simplement splendides ! Les paysages montagnards sont splendides ! Tantôt majestueuse, tantôt oppressante, en fonction de ce que ressent Pierre, la nature, omniprésente, n’est pas un simple décor : elle est une sorte de métaphore vivante de son rapport au monde.
La mise à mort du tétras lyre est bien plus qu’un simple récit d’émancipation : l’auteur y questionne le poids des héritages familiaux et la nécessité de s’inventer soi-même.
La Mise à mort du tétras lyre est donc une œuvre réussie tant sur le fond que sur la forme ! Il faut simplement noter que certaines scènes explicites en font une œuvre à réserver à un public averti mais qui mérite amplement d’être découvert pour sa profondeur, sa beauté et son audace !
