Nom de la série : La nuit aux Loups
Tome : 1
Scénario : Van Lalonde
Dessin : Van Lalonde
Couleur : Van Lalonde
Maison d'édition : Casterman
Les Éditions Casterman nous proposent un album jeunesse fantastique intitulé :"La Nuit aux Loups". Le premier tome d'une série intégralement réalisé par Van Lalonde qui séduit autant par la densité de son atmosphère que par son approche sensible de l’adolescence et du secret. Un album plein de rebondissement, où la frontière entre l’adolescence et la nuit se brouille.
Jean-Thomas est un adolescent ordinaire… Du moins en apparence. Chaque nuit, son père l’enferme dans une cabane, loin des regards, car le jeune garçon cache une malédiction : il se transforme en loup-garou. Longtemps, ce secret reste confiné au cercle familial, jusqu’au jour où ses camarades de classe découvrent la vérité. À partir de là, tout bascule : entre la peur des autres, la disparition mystérieuse de son amie Maggie et la présence inquiétante d’un chasseur de loups-garous nommé Langelier, Jean-Thomas se retrouve entraîné dans une spirale de fuites et de révélations. Mais que cache réellement cette malédiction, et jusqu’où devra-t-il aller pour protéger les siens ? L’avenir de Jean-Thomas tient-il encore à sa volonté… ou aux ténèbres qui l’habitent ?
Van Lalonde tisse un récit qui fonctionne à plusieurs niveaux : une aventure fantastique marquée par les codes du mythe du loup-garou, mais aussi une métaphore de l’adolescence, de ses métamorphoses et de ses non-dits. La narration prend son temps, installe une ambiance oppressante, joue sur les silences et les non-dits familiaux. Les dialogues, sobres et directs, renforcent le poids des secrets. Le rythme alterne lenteur contemplative et accélérations brutales, à l’image des pulsions incontrôlées de Jean-Thomas. Cette mécanique narrative capte le lecteur et le maintient dans une tension constante.
Graphiquement, l’album se distingue par une grande maîtrise de l’atmosphère. Van Lalonde utilise un trait clair, mais chargé de nuances, où la blancheur de la neige et l’ombre des forêts dialoguent en permanence. Les décors respirent la solitude et l’isolement, tandis que les visages, expressifs mais mesurés, traduisent la peur, l’incompréhension ou la colère retenue. Les couleurs renforcent l’opposition jour/nuit : des teintes douces et apaisantes en plein jour, contre des palettes plus sombres et contrastées une fois la nuit tombée. La mise en page, fluide et rythmée, évoque parfois le langage du cinéma, multipliant les cadrages serrés et les plans larges pour accentuer la dramaturgie.
Avec La Nuit aux Loups, Van Lalonde signe une entrée marquante dans le registre du fantastique contemporain. L’album séduit autant par la densité de son atmosphère que par son approche sensible de l’adolescence et du secret. Entre peur de soi et peur des autres, entre légende et réalité, cette première nuit ouvre la voie à une saga prometteuse, où l’on devine que les ombres n’ont pas fini de s’épaissir.