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La petite boutique des erreurs La petite boutique des erreurs

La petite Mort

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Nom de la série : La petite Mort
Titre du Tome: La petite boutique des erreurs
Scénario : Davy MOURIER
Dessin : Davy MOURIER
Couleur : Davy MOURIER
Maison d'édition : Delcourt

Une nouvelle aventure de la Petite Mort toujours aussi délirante et barge mais qui n’oublie pas de tacler la société actuelle et ses dérives ! Après tout, c’est bien le rôle de la Mort que de mettre les Hommes face à leurs contradictions !
 
Un nouvel ordre de fauche du poissophone retentit : il y a un bûcheron à faucher ! Voilà de quoi occuper la petite mort qui s’ennuyait mortellement. Une fois sur place, le père fait son jeu de mots et fauche la victime. Sauf que là, un second bûcheron, jusque-là e pleuré, se ressaisit et demande un selfie à la petite mort. Plus tard, lorsqu’ un humain lui demande une dédicace, la petite mort s’exécute puis s’offusque quand on lui fait remarquer que cela se vendra cher, dans quelques années. Depuis qu’il est sur les réseaux, la petite mort est une star. Quand elle a accepté une interview de Pascal Amateur sur la chaîne d’info Fakenews, elle était loin d’imaginer ce qui allait advenir : parole tronquées et montage orienté ont eu pour conséquence de dénigrer complètement la petite mort, faisant de sa vie un véritable enfer. Heureusement, elle a plus d’un tour dans son sac et va retourner la situation en un rien de temps…
Après Les héros meurent aussi, Davy Mourier intercale un nouvel album au sein de la chronologie de la série principale. Et c’est avec grand plaisir qu’on retrouve le monde si particulier de la Petite Mort fait d’humour potache et des moments plus intimes. L’album s’ouvre donc sur un gag assez classique. Le poissophone sonne signalant une âme à faucher. Un gag si habituel que la petite mort ironise sur les plaisanteries paternelles. Pourtant, une fois sur place, le ton va changer : le bûcheron survivant va rapidement reprendre ses esprits et demander un selfie à l’adolescent. Le pourquoi du comment ? Un magazine dont il est le héros et une notoriété qui va rapidement devenir difficile à contrôler. En effet, à l’heure de l’instantanéité et de la célébration de la célébrité par les réseaux sociaux de tout poil, les fans ont tôt fait de vous mettre sur un piédestal ou de vous clouer au pilori. Et cela, Davy Mourier est un des mieux placé pour le savoir et partager son expérience. Il enfonce même le clou en ajoutant un marchandising ultra agressif. Passe encore sur le placement produit, tellement habituel qu’on n'y prête plus attention, mais l’artiste ne fait pas dans la demi-mesure : le comique de répétition est là pour nous le rappeler. L’épisode le plus frappant est sans conteste les chapitres liés aux Powers rongeur, dans lequel une célèbre marque vendant des figurines est copieusement critiquée et ses méthodes pour vendre toujours plus magistralement expliquée et condamnée. Critique des réseaux sociaux et des dérives de la Pop culture, mais l’album s’attache aussi à explorer les conséquences sur nos vies, ou plus exactement sur la « non-existence » de la mort. C’est ainsi que le harcèlement en ligne est condamné mais l’artiste évoque aussi cette difficile gestion de ses émotions et de ses amis à travers une construction originale qui fait lire la bande dessinée dans les deux sens. Une façon de prouver qu’on reste toujours maître de son destin. Terminons par évoquer les quelques planches en réalité augmentée. Plutôt des animations qui montrent la construction d’une page via l’application Delcourt Soleil +. Si cela n'apporte pas grand-chose, elle ravira les fans d’inconditionnel. Une façon de boucler la boucle !
Pari risqué pour Davy Mourier mais pari réussi pour sa Petite Mort qui nous prouve que les enfants ont aussi le droit de rire de la mort. Une façon de dire qu’elle a encore de la ressource et qu’elle n’a pas fini de nous raconter et de critiquer la société actuelle.

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

Nombre de chroniques publiées : 117