Titre du Tome: La pièce manquante
Amour, gloire et littérature dans l’Angleterre des rois Georges.Fin de la trilogie de Jean Harambat consacrée à la littérature britannique. Un petit bijou d’humour so british mâtiné des nombreux clins d’œil au plus célèbre dramaturge d’Outre Manche.
Dans le Londres georgien, l’actrice Margaret Woffington tourne rond. Celle que l’on surnomme Peg a désormais le droit de monter sur les planches mais ne peut jouer qu'en pantalon. En effet, le public se presse pour
l’admirer et dans l’espoir d’apercevoir un bout de cuisse ! Pour l’actrice, ces regards lubriques la cantonne à des rôles masculins ; elle qui rêve de grands rôles féminins ! Et puis, un jour, elle entend parler d’une pièce du grand William Shakespeare. Le barde se serait inspiré du célèbre
Don Quichotte de Cervantès et aurait rédigé une pièce sur les amours du frère du héros avec une certaine Dorothéa. Malheureusement, cette pièce, parmi les dernières, a disparu. La promesse d’un rôle inoubliable est un puissant élément de motivation. C’est donc naturellement que Peg, accompagnée de son imprésario Sancho, part à la recherche du manuscrit. Une épopée picaresque…
Après la comédie d’espionnage
Opération Copperhead et le récit à énigme
Le détection club, Jean Harambat clôt son triptyque hommage à la littérature anglaise avec cet excellent
La pièce manquante. Après Ian Fleming et Agatha Christie, c’est au tour du plus célèbre dramaturge d’outre-Manche d’avoir les faveurs de l’artiste français. Construit sur le modèle d’une pièce de théâtre en 3 actes,
La pièce manquante ne manque pas de rythme. Après un prologue qui
mélange mise en abyme et inspiration ibérique, on découvre notre duo de héros ainsi que l’intrigue. On va donc suivre la célèbre Peg Woffington, véritable star du théâtre anglais du XVIIIe siècle, ainsi que son « imprésario » Sancho. Mais cette époque troublée n'est pas si éloignée de la nôtre. Après des siècles d’inégalités, les femmes ont enfin le droit de monter sur les planches. Malheureusement, #metoo n’est pas encore passé par là et, si le public se presse, c’est avant tout dans l’espoir de voir un bout de mollet ou mieux, de cuisses ! Pour la talentueuse Peg Woffington, contrainte de jouer en pantalon des rôles masculins, la situation devient insupportable et elle s’en ouvre à Sancho. Malheureusement, tous les grands rôles féminins sont déjà incarnés. C’est alors que le génial homme à tout faire se remémore la légende de la pièce disparue de Shakespeare. Débute alors deux actes pleins de rebondissements, de coups de théâtre et de coups bas , deux actes où les bons mots sont innombrables et où les comiques de situation et de caractères sont délicieux. En effet, autour de nos héros gravite toute une flopée de personnages secondaires tous plus truculents les uns que les autres et, comme il est de coutume dans la littérature britannique, tout ce petit monde va se retrouver pour l’épilogue. Magistralement construit,
La pièce manquante est également très joliment illustrée. Le traitement
caricatural des personnages sied à merveille à la comédie. Proche d’une ligne claire dans son ensemble, certaines planches laissent cependant voir des décors tant intérieur qu’extérieur assez réalistes et remplis de détails. Cela pousse à relire l’album pour vérifier que l’on a rien oublié ! Les clins d’œil sont nombreux et toujours judicieux et, si ceux adressés à Cervantès sont inratables, les autres sont des petites pépites de finesse. Le tout est sublimé par une colorisation de Jean-Jacques Rouger avec une maîtrise éblouissante des jeux de lumière.
Nul besoin d’aimer la littérature ou le dramaturge britannique pour prendre plaisir à la lecture de cette
Pièce manquante, il suffit d’oser ouvrir et lire cet excellent album.