Nom de la série : La Vallée des oubliées
Scénario : Pierre Dubois
Dessin : Alain Henriet
Couleur : Usagi
Maison d'édition : Le Lombard collection signé
Avec "La Vallée des oubliées", les éditions Le Lombard nous propose un western sauvage où liberté rime avec vengeance. Un western épique plein d'action et de rebondissements.
Clark est un homme de l’Ouest comme tant d’autres : dur, marqué par la poussière et la poudre, membre d’un gang dont la sauvagerie n’a d’égal que la loi du plus fort. Mais un jour, il a choisi de s’en détourner. Trop de sang, trop de cruauté, trop d’hommes vidés de toute humanité. En quittant ses anciens frères d’armes, il pensait s’arracher à la violence, mais il s’est trompé.
La bande qu’il avait abandonnée n’a pas supporté cette trahison. Pour le punir, elle a frappé là où ça fait le plus mal : sa famille. Quand Clark découvre les siens massacrés, il ne reste plus qu’une idée en tête : la vengeance. Alors, il se lance à la poursuite de ceux qu’il a autrefois appelés “frères”. La traque est longue, harassante, presque hallucinée. Mais le destin, ironique et cruel, se referme sur lui : reconnu avant d’avoir pu frapper, Clark est abattu par les siens.
C’est alors qu’apparaît Do, une jeune femme farouche de la Vallée des oubliées, un lieu isolé et presque mythique où vivent des femmes ayant fui le monde des hommes. Elle découvre le corps de Clark, grièvement blessé, gisant inanimé et le ramène jusqu’au fort qui abrite sa communauté. Là-bas, soigné, silencieux, le cow-boy meurtri renaît peu à peu, entouré de visages qu’il ne comprend pas encore.
Mais la paix n’est qu’un mirage. L’arrivée de Clark réveille de vieilles colères, et au-delà des collines, la rumeur court : ses anciens compagnons rôdent, cherchant à finir ce qu’ils ont commencé. La Vallée des oubliées devient alors un carrefour de destins — celui d’un homme qui ne sait plus s’il veut vivre ou se venger, et celui d’une communauté prête à tout pour protéger son fragile équilibre.
Entre les balles, la poussière et le silence des grands espaces, chacun devra choisir ce qu’il veut sauver : sa vie, sa mémoire ou son âme.
Pierre Dubois ramène le western à ses racines désenchantées : vengeance, honneur, communautés brisées et enfin, l’idée que la frontière est autant un lieu de liberté qu’un tombeau. Le récit se penche sur la survie et la rédemption, mais aussi sur la culpabilité et la lutte pour appartenir. L’équilibre est subtil : les silences pèsent autant que les coups de feu, et les non-dits forgent l’atmosphère. Le rythme avance avec détermination vers l’affrontement inévitable, tout en ménageant des instants suspendus où le lecteur ressent l’épuisement et l’espoir.
Alain Henriet adopte un trait qui fait respirer la poussière et les vastes paysages. Les personnages sont sculptés par l’épreuve : leurs visages portent les marques du temps, du désert, de la lutte. Le fortin, les ruines, les visages d’hommes et de femmes qui ont choisi une vie en marge — tout cela est rendu avec force. Le choix des couleurs d'Usagi, accentue ce sentiment de fin de siècle, de fin de monde presque, mais aussi d’un lieu suspendu, hors du temps ordinaire.
La Vallée des oubliées est une BD qui, sans renier le souffle épique du western, l’inscrit dans une temporalité intime et réparatrice. Elle interroge ce que l’on fait quand on a été abandonné, ce que l’on devient quand on choisit de reconstruire autrement, et ce que coûte la liberté dans un monde où la loi n’a plus cours.
Un superbe album, un coup de cœur que je ne peux que vous conseiller.