Le Bismarck

Alors que la Seconde Guerre Mondiale est déjà bien engagée, la Royal Navy veut conserver sa suprématie sur les mers. Pour cela , elle doit mettre fin aux agissements du plus gros et du plus puissant navire de la Kriegmarine : le Bismarck !
Jean Yves Delitte nous fait vivre de l’intérieur cette bataille de titans quelque peu oubliée de nos manuels.
 
Janvier 1991, dans le Berlin à peine réunifié, un vieil homme regarde la télévision. Alors qu'il observe une nouvelle guerre à plusieurs milliers de kilomètres de lui, son petit-fils vient la lui jouer, la guerre, devant l'écran. Helmut a profité de l'inattention de son aïeul pour aller fouiller dans ses affaires. Affublé d'un casque et un ceinturon, le gamin joue avec une maquette de bateau. Ce bateau, c'est le Bismarck mais pour Ludovic Dekoning, c'est également une histoire, son histoire. Il était tout jeune matelot en ce mois de mai 1941 lorsque le cuirasser Bismarck et le croiseur Prinz Eugen quittent les fjords de Norvège. Immédiatement, la Royal Navy se met en chasse. Après un premier engagement, tout le monde semble surpris de la tournure que prennent les événements. Si le Bismarck connaît quelques avaries embarrassantes, il a coulé le puissant HMS Hood et mis en fuite le Prince of Wales. Pour l’état-major britannique, c’en est trop ! Il lance alors une véritable armada avec un seul mot d'ordre : couler le Bismarck !

Il est des batailles comme des armes qui les permettent : certaines sont plus importantes que d'autres. C'est ainsi que la série Ces machines tuent... rend hommage aux chars lourds de la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit marque également un changement sur les mers. Rappelons que, puisque nous avons à faire une guerre totale ; aucun humain, aucun élément ne fut épargné. Sur mer, la Royal Navy faisait la pluie et le beau temps. Mais lorsque la France capitula, elle dût couler la marine de son ancien allié dans le port d'Alger afin que ces bâtiments ne viennent renforcer la Kriegmarine. D'autant que la marine nazie avait déjà quelques navires remarquables en son sein et, malgré l'importance de l'aviation lors de la bataille d'Angleterre, ce serait une erreur d’omettre la marine. C'est ainsi que Jean-Yves Delitte a décidé de consacrer un volume de la collection Les grandes batailles navales à un mastodonte, peut-être l'un des derniers de son espèce, le cuirasser Bismarck. Afin de nous faire vivre cette bataille, le scénariste nous immerge aux côtés d’un matelot nazis. On va donc le suivre sur le navire de guerre entre la poupe et la proue. On va aussi découvrir la mentalité collective nazie de cette époque. En effet, sûr de sa supériorité de la puissance de « son beau Bismarck », Ludovic va nier l'évidence : avec toute la flotte britannique aux fesses, le fleuron de la Kriegmarine est condamné. Mais après tout, les premières confrontations semblent aller dans le sens de l'allemand. Si le dénouement est inévitable, et connu, le scénariste réussit malgré tout à rendre à merveille l'atmosphère si hésitante de la bataille. Et puis, Jean-Yves Delitte est également le dessinateur de cette histoire. Force est alors de constater qu'il n'a pas usurpé son titre de peintre officiel de la marine. Chaque travée, chaque pont, chaque canon est reproduit avec un réalisme absolu. Parfois même, le dessinateur devient artiste avec des doubles pages absolument magistrales de dynamisme et de vivacité. N’oublions pas le dossier historique présent à la fin de l’album qui revira tous ceux qui veulent aller encore plus loin.

Si le Bismarck se voulait le navire amiral de la flotte nazie, il est devenu l'album le plus abouti de la collection Les grandes batailles navales et ainsi, c'est une chose acquise,  il est devenu véritablement insubmersible !