Titre du Tome: Le chant du cygne
C'est la question que se posent tous les futurs parents : quelle couleur choisir pour la chambre du futur bambin ? Si c’est une fille, le rose risque d'en faire « une niaiseuse passéiste », le bleu « une virulente

féministe » et le vert « une écologiste » !
A sa femme qui pratique le yoga et le pilate afin d'expulser sa colère, les injonctions machistes et les gestes douteux, l'homme ne voit que l'exposition d'un fessier.
Face à une jeune femme qui vient porter plainte pour tentative de viol, un policier moustachu l'interroge sur sa tenue vestimentaire. Heureusement, son supérieur lui fait remarquer, non sans humour, toute la bêtise de la question. Voilà quelques-unes des réflexions portées par de vieux mâles sur les femmes, leur place dans la société, leurs droits et leurs devoirs…
À travers une postface très intéressante, Jim nous raconte la genèse de cet album. Lui, le scénariste de
L'érection et de
Tous les défauts des mecs, qui ne plus guère être taxé de misogynie, s'est lancé dans une folle aventure, il y a plus de 25 ans. Un quart de siècle est passé, d’immondes prédateurs sexuels sont tombés mais les mentalités et les

représentations ont toujours la vie dure ! J'en veux pour preuve la difficulté qu’a rencontré Jim pour trouver un éditeur. Et l'argument est presque toujours le même : « ça ne marchera jamais. Les hommes vont détester, les femmes n'adhèreront pas ! ». Et pourtant, passé la petite appréhension de s'en prendre plein la gueule ; en tant qu'homme ; on s'immerge rapidement dans ces petites histoires en une page. Il faut dire que le choix artistique a de quoi surprendre. Chaque page est composée d’un gaufrier de 2 par 3. Jusque-là, rien de bien extraordinaire. Mais l'image qui se trouve sur ces six vignettes est strictement la même. Même angle de vue, même gestuelle, seule varie la disposition et bien évidemment le contenu des bulles. Bien sûr, il y a quelques variations. Le cadrage peut légèrement évoluer, un personnage peut apparaître et/ ou disparaître du champ de vision mais l'impression générale est la même : rien ne bouge, rien ne change ! Si c'est déstabilisant au début, on finit par comprendre qu'il vaut mieux se concentrer sur les paroles des personnages et là, attention ! Si nous ne nous sommes pas dans la langue fleurie d'un Michel Audiard,

le ton est malgré tout ultra caustique. Pour parler familièrement, certains vont devoir aller rechercher leurs dents. Et c'est valable quel que soit votre sexe et vos mentalités. En effet, c'est un parti pris d'artiste que de ne pas prendre parti. Tout le monde est rhabillé pour l'hiver et le lecteur s'amuse véritablement de ces toutes ces mini histoire qui parlent à tous .
Pari osé pour JIM mais pari totalement gagnant. Ce
Chant du cygne est bien la preuve qu'on peut rire de tout et avec tout le monde.