Le Dieu-Fauve

Scénario : Vehlmann
Dessin : Roger
Couleurs : Roger
Éditions : Dargaud

 

   Édité chez Dargaud, le duo d'auteur, velhmann et Roger, nous propose avec le "Dieu-fauve", un récit philosophique et impitoyable. Un scénario magnifique qui monte crescendo, une claque visuelle et narrative.
 

   Fraichement arrivé sur leur zone de migration annuelle, un clan de grands singes, chasseurs-cueilleurs, ne reconnaît plus les lieux. Il n'y a plus ni gibier, ni fruits, l'air est saturé d'une odeur de résine sèche et les grands arbres sont morts. Tout porte à croire qu'une armée grouillante de piques brûlées a tout dévoré, ne laissant rien derrière elle. Nouvelle mère, la figure matriarcale du clan, fait très vite comprendre à tous les membres du clan qu'il va rapidement falloir quitter ces terres désolées devenues trop dangereuses pour eux. C'est là que nous faisons la rencontre de sans-voix, un jeune mâle déjà fort et rapide malgré son jeune âge. Dans la force de la jeunesse, il aime à faire tournoyer son bras armé d'un os et sentir le vent souffler sur son pelage. Mais dos-rouges , le mal dominant du clan, ne voit pas tout ça d'un très bon œil et n'oublie pas de le rappeler à l'ordre. sans-voix est fort, certes, mais il représente à ses yeux une menace. Heureusement pour lui, jeune-mère, en a fait son protégé. Un jour, alors que le jeune singe audacieux s'aventure sur des terres interdites pour essayer de trouver quelques victuailles afin de sustenter son clan, il se fait capturer par les hommes. Ces derniers repèrent en lui un fort potentiel combatif, s'en est alors fini les pour lui de sa vie d'avant et des doux moments câlins en compagnie de sa mère. Bientôt, sa vie ne sera plus que douleur et souffrance. Il va être torturé couvert de coups et subir un entraînement intensif qui fera de lui une véritable machine de guerre. Mais ce n'est qu'une fois que sa dompteuse, aura cloué à même son crâne , un masque de fer, qu'il prendra son nom de dieu fauve. Ces longues années de souffrance vont faire resurgir en lui une soif de vengeance implacable.
   Avec "le Dieu fauve", Fabien velhmann nous propose un One shot inspiré et complexe. Un roman graphique de plus de 110 pages, fait à la manière d'un récit à 4 voix. Une saga pleine d'action, de rebondissements  et de violence, à la fois terrifiante et bouleversante. un récit enlevé et fluide à la narration montant crescendo, et nous tenant en haleine de bout en bout. Commençant à la manière d'un documentaire animalier, il prend très vite une tout autre tournure et se transforme en quête initiatique et désir de vengeance, dans un monde impitoyable, où seule la loi du plus fort règne. L'auteur aborde de nombreuses questions philosophiques dans cette histoire profonde et dense, interrogeant notre rapport aux autres et aux vivants, tout en nous questionnant sur notre propre nature humaine. Côté dessins, le travail de Roger est de toute beauté alliant élégance et énergie rendant parfaitement le mouvement. Le découpage est fluide donnant à voir des scènes à couper le souffle. Une composition graphique remarquable parvenant à sublimer le récit. Une parfaite symbiose nous offrant une expérience de lecture d'une grande richesse. Une histoire audacieuse et singuliere volontairement complexe qui saura séduire un large public.