Le fils de l'Ursari

Lorsqu’on est fils de l’Ursari, la vie n’est pas simple. On est considéré comme un voleur dans toutes les villes, tous les pays qu’on traverse. Mais lorsque Cyprian découvre "lézéchek", sa vie pourrait bien basculer.
Une magnifique histoire de tolérance, d’accueil et de solidarité adaptée avec beaucoup de finesse par Cyrille Pomès. Un album qui nous rappelle qu’aucune vie n’est jouée d’avance.
 
Ciprian est fils de l’Ursari. Il appartient à une famille nomade de montreur d'ours rom. Malheureusement, même dans leur propre pays, les Ursari n'ont pas bonne réputation et ne restent jamais longtemps à la même place. Malheureusement, lorsque Mica, la voiture, rend son dernier souffle, le voisinage n'est pas plus compréhensif qu'ailleurs. C'est alors qu'apparaît la solution miracle : une grosse berline allemande, un petit bonhomme à l'allure chic et voilà la famille Zidar en route vers Paris. Le Paris où l'argent coule à flot !  Si le trajet est rude, la réalité à l'arrivée s'avère encore plus brutale. Les Zidar se retrouvent dans un bidonville, bien loin de la Tour Eiffel. Ils doivent travailler pour payer leur passeur : le père devient ferrailleur de nuit, la mère devient gardienne de distributeur de billets, la fille  nourrice itinérante et les deux fils deviennent emprunteurs de portefeuille professionnels. Seulement les passeurs en veulent toujours plus et la vie est difficile. Et puis un jour, Ciprian, tentant de fuir la police, se retrouve au jardin du « Lusquembourg » au des gens jouent aux « lézéchek ». Il est comme fasciné par les pièces mais on n'échappe pas complètement à sa situation.

Le fils de l'Ursari est le roman de Xavier-Laurent Petit. Il remporta le Grand Prix du roman jeunesse en 2017. Dis comme cela, on peut être soit enthousiasme soit sceptique devant la couverture. Et puis, on ouvre l'album, on commence à lire et on oublie tout pour plonger dans cette aventure. Il faut dire que les ingrédients de cette histoire parlent à tout le monde. Comment ne pas se sentir concerné par la détresse de ce gamin, accompagné de sa famille, persona non grata dans son propre pays et qui débarque chez nous. Évidemment, c'est un sujet d'actualité mais c'est surtout une ode à l'accueil et  à la tolérance. N'oublions pas que les familles des champions du monde de foot ont été accueillies à bras ouvert. La force du roman, et du scénario, est de permettre une double lecture. À l'enfant, l'album parlera des chances, de réussite... Aux adultes, le discours se fera plus politique. Néanmoins, jamais l’intrigue ne tombe dans les bons sentiments et la violence, tant physique que psychologique, n'est jamais cachée. Non content de signer l'adaptation, Cyril Pomès réalise également les dessins. Fidèle à son style, le dessinateur force même sur l'aspect anguleux des personnages comme des décors afin de rendre davantage compte de la dureté du monde. Il sait aussi jouer avec les cadrages, les angles de vue afin d'apporter du dynamisme et un effet cinéma à cette histoire. En effet, le 9e art semble avoir damné le point au septième dans l'adaptation de cette belle histoire humaine.

Que vous soyez adulte ou enfant, n'hésitez pas à découvrir Le fils de l'Ursari. Il vous rappellera que nul destin n’est jamais fixé à l'avance et que notre futur est ce que l'on en fait. Et cela, ça fait du bien !!