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Le Golem de Paris Le Golem de Paris
Coup de coeur

Le Golem de Paris

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Nom de la série : Le Golem de Paris
Scénario : D H JARMON
Dessin : Cesc DALMASES
Couleur : Roger SURRICA
Maison d'édtion : Les Humanoïdes associés

Après un attentat antisémite, la lieutenant Katarina Adamova décide d’enquêter contre l’avis de sa hiérarchie. Sa principale piste : un petit chef d’une association néonazie. Mais, même lorsqu’il est retrouvé sauvagement assassiné, Katarina se sent attiré par cette affaire !  Le Golem de Paris est un album intense qui apporte une multitude de sujets et dont on ne sort pas indemne ! Une belle réussite !
Paris, rue des rosiers. La communauté juive est en fête ! Le Grand Rabbin de Paris s’apprête à marier la fille de son ami, le Rabbin Moshe Kaplan. Au moment d’entrer dans la synagogue, et malgré la protection policière, des coups de feu éclatent, des balles sifflent et fauchent la future mariée. Cette affaire intéresse immédiatement la lieutenant Katarina Adamova. Seulement, elle revient tout juste de 3 mois de suspension à la suite d’une accusation de violence policière. De toute façon, c’est son ex-conjoint qui a hérité de l'enquête. Qu’à cela ne tienne, elle décide tout de même d’investiguer. Peu de temps après, un petit chef d’un groupuscule néonazi est retrouvé sauvagement assassiné. Il était la seule piste de Katarina. De quoi renforcer cette drôle de sensation, comme si quelque chose l’attirait irrésistiblement vers cette affaire…
A l’heure où la France rend hommage aux victimes des attentats de 2015, l’événement de départ de ce Golem de Paris résonne dans le cœur de tous les lecteurs. Ce n’est pourtant pas ce qui ouvre l’album. En effet, nous faisons la connaissance de Katarina Adamova dans une bien triste situation : elle vient de perdre sa mère à La Pitié Salpêtrière et ce décès l’affecte non seulement dans sa vie privée mais aussi professionnelle. Bien que lieutenant de police, elle est victime d’un harceleur de rue qui se retourne contre elle en portant plainte pour violence policière. Résultat : 3 mois de suspension, le temps que l’enquête de l’IGPN la blanchisse. Cette exposition est très détaillée et, par conséquent, assez lente. Même si on comprend le pourquoi du comment plus tard dans l’album, c’est assez déroutant. D’autant qu’à cette ouverture succède une sorte de second lancement, bien plus dynamique celui-là, avec l’attentat contre la synagogue. On comprend dès lors qu’on aura deux personnages principaux et que l’enquête, et les événements qui vont lui être liés, tourneront autour de la policière et du Rabbin. Et tant pis si, officiellement, Katarina n’est plus sur l’enquête. Si c’est à travers elle que l’on suit ces investigations, c’est parce que quelque chose d’irrésistible la pousse à comprendre. Pour le lecteur, cette lecture à plusieurs niveaux est un pur plaisir. Le scénario ne nous prend pas pour des demeurés mais il ne nous oblige pas non plus à être sans arrêt à la recherche du moindre détail. Non, il nous prend simplement par la main et nous guide là où il veut, sans embûche. Et ça, clairement, on adore. N’oublions pas non plus le côté fantastique. Il apparaît d’une manière on ne peut plus simple et persiste à la manière d’une persistance rétinienne jusqu’aux ultimes rebondissements, par ailleurs complètement inattendus. Ce fantastique prend la forme de golem. Ces statues inachevées en terre glaise, Cesc Dalmasses leur insuffle un supplément d’âme inattendu grâce à une gestuelle très humaine et assez simple. Pour le reste, le dessinateur espagnol opte pour un trait réaliste de haute volée. Les personnages ont suffisamment de charme pour qu’on oublie quelques défauts, les décors sont terriblement efficaces et la mise en page apporte le dynamisme qui manque parfois la narration.
Le Golem de Paris est donc un somptueux mélange d’enquête policière avec une note de fantastique, de dystopie angoissante quant aux complots populistes, d’histoire de vengeance obtuse et de confiance. C’est surtout un album qui se lit d’une traite avec un plaisir non dissimulé et qui, bien après la fermeture de l’album, marque longtemps. Bref, un vrai coup de cœur !

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

Nombre de chroniques publiées : 45