Nom de la série : Le marsupilami de
Titre du Tome: El diablo
Scénario : Lewis Trondheim
Dessin : Alexis Nesme
Couleur : Alexis Nesme
Maison d'édtion : DUPUIS
Par soif de l’or, des conquistadors espagnols accostent les côtes de la Palombie et envahissent le territoire des indiens Chahutas. Mais ces derniers sont protégés par « l’esprit de la forêt » que d’autres appelleront « El diablo ». Une version du Marsupilami totalement revisitée par Lewis Trondheim et Alexis Nesme, un ouvrage à lire absolument et qui va se classer parmi les meilleurs du moment avec un dessinateur au sommet de ce que l’on peut réaliser en terme d’illustration.
Le galion du capitaine espagnol Santoro navigue sur l’océan pour rejoindre les nouvelles Indes. Mais cela fait maintenant 10 jours que les réserves sont taries. Le capitaine prend alors la décision de convoquer les trois mousses du navire pour les faire participer à un jeu terrible, celui de la courte paille. Le perdant sera tout simplement exécuté et servira de repas aux passagers du bateau. Avec peur, José tire le premier une grande tige. Puis vient le tour de Tonio qui les larmes aux yeux constate qu’il sera le futur repas. José s’oppose à cette décision et décide de prendre sa place. Mais avant de se faire cuire, il veut lutter avec panache. Il s’empare alors du sabre du capitaine et commence à monter sur les cordages pour livrer bataille. Mais au moment où il va se faire attraper, il aperçoit au loin, la terre. Son sort est alors gelé, il est jeté au cachot en attendant d’accoster. Une fois sur la terre ferme, il va servir d’éclaireur dans la jungle jusqu’à ce que la troupe tombe sur ce qui ressemble à un singe. Une aubaine pour faire un bon repas. Les hommes tirent mais l’animal reste coincé dans un arbre. José est sommé de monter dans ce dernier pour récupérer l’animal qui n’est que blessé. Un animal encore inconnu jusqu’alors pourvu d’une grande queue et d’un pelage jaune à taches noires.
L’animal que tout le monde a reconnu ne porte pas encore le nom de marsupilami mais celui « d’esprit de la forêt ». C’est ainsi que le surnomment les indiens Chahutas. Par un concours de circonstances que je vous laisse découvrir, José va être lié à l’animal et va aussi partager le quotidien des Chahutas.
En tant que lecteurs nous avions pu découvrir le marsupilami sous un autre visage que celui du houba houba dans Spirou à travers l’œuvre de Frank Pé, « la Bête ». Ici les auteurs et plus particulièrement Lewis Trondheim nous font voyager dans le temps et plus particulièrement à l’époque des conquistadors. Ce n’est donc pas le marsupilami docile que nous connaissons qui va vivre l’aventure mais son arrière arrière arrière arrière arrière grand père. Avec un très grand sérieux, ce qui peut être surprenant connaissant l’humour de Lexis Trondheim, à part peut-être dans les noms donnés aux indiens, le récit va se dérouler sous forme d’un conte envoûtant. D’un côté, il y aura les gentils avec les indiens, le jeune José et « l’esprit de la forêt » qui vont se connecter pour ressentir les mêmes émotions et de l’autre, les méchants conquistadors et leur soif de l’or et la religion qui prend également une petite tape derrière la tête.
On notera également que les règles du jeu ont été respectées et que le marsu est fidèle à la vision de Franquin par ses comportements avec sa queue, sa manière de se nourrir ou encore le fait de faire valser ses ennemis à travail la jungle palombienne.
Pour illustrer ce conte, Alexis Nesme qui est pourtant maître en la matière (Les enfants du capitaine Grant, Mickey) va mettre la barre encore plus haut pour livrer un album où il n’y a pas une seule planche, une seule case qui mette le doute à son talent. Tout est soigné, que cela soit du premier plan à l’arrière-plan, du petit point de détail jusqu’au décor, tout est grandiose et laisse sans voix. Sans oublier les jeux de lumière et la mise en couleur qui finissent par achever tout commentaire.
Pari réussi pour le duo Trondheim-Nesme qui offre une version du Marsupilami des plus surprenantes. A lire absolument si vous souhaitez voir le Marsupilami avec une vision plus adulte.