Nom de la série : Le nom d'Amalek
Scénario : Eric Corbeyran et David Rybojad
Dessin : Nicolas Bègue
Maison d'édtion : DELCOURT
Au début des années 80, malgré l’expérience du passé, l’extrême droite en France reprend de la vigueur. Les juifs sont leur première cible. Pour lutter et faire honneur au passé, les jeunes juifs créent l’OJD et vont mener au quotidien des actions contre l’extrême droite mettant leur vie en danger. C’est au cœur de ces mouvements que les auteurs plongent les lecteurs, dans la dure réalité d’un juif en France dans les années 80.
Au bois de Boulogne en 1979, l’agitation bat son plein dans la camionnette d’une prostituée. Pendant que Franck prend du plaisir, ses deux copains attendent à l’extérieur quand soudain un groupe de trois individus au crâne rasé s’approche en hurlant des phrases antisémites à l’égard des juifs. Pas le temps de discuter, la rixe s’active entre les deux bandes. Quelque temps plus tard, Franck est de retour chez lui tard dans la nuit. Il croise sa grand-mère en train de parler aux fantômes de sa famille puis va rejoindre sa chambre également occupée par son petit frère Rapha. Le lendemain au lycée, Franck retrouve ses copains de lycée et raconte sa mésaventure de la veille et la volée qu’ils ont prise. Steve écoute avec attention et lui propose de l’accompagner un soir à la salle pour rencontrer les membres de l’Organisation Juive de Défense. Le soir même, Franck et son frère Laurent ont rendez-vous dans l’arrière salle d’un bar dans le Xème arrondissement. Les garçons vont faire connaissance du leader Yaïr et d’un mouvement où l’attaque reste la meilleure défense, la lutte contre l’extrême droite peut commencer.
Selon la Bible, au Moyen-âge, Amalek était l’incarnation du mal sur terre et sa seule préoccupation était d’exterminer les juifs. L’éliminer est un devoir mais il se réincarne à chaque génération. Depuis toujours les juifs sont en première ligne lorsqu’il s’agit de trouver un ennemi ne correspondant pas aux critères de référence. Ainsi dans les années 80, l’Amalek des juifs était principalement la naissance de l’extrême droite avec notamment ses soldats au doux nom de skinheads. La famille Kravitz composée de trois garçons vit au quotidien cet antisémitisme qui ne cesse de grandir et qui semble incompréhensible compte tenu des évènements passés 30 ans plus tôt.
C’est dans ce contexte qu’Eric Corbeyran et David Rybojad proposent aux lecteurs de se plonger en compagnie du dessinateur Nicolas Bègue. Dans les années 80, l’extrême droite ne cachait pas son visage et les actions de violence, les propos ne portaient pas à confusion. Pour pallier à ces actions, l’OJD va sortir de terre. Ainsi les auteurs vont nous faire vivre le quotidien de la famille Kravitz et surtout les actions menées par l’OJD et les frères Kravitz. Il est bon de rappeler que les membres de l’OJD ne sont pas des pacifistes et que c’est un mouvement extrémiste et violent. Par conséquent, cela donne un livre dense avec 200 pages de lecture, où la violence, la lutte contre l’extrême droite sont permanentes, le tout dans une ambiance noir et blanc pour marquer les esprits mais aussi les sentiments.
Le récit est bien construit même si je pense que les auteurs auraient pu faire des raccourcis pour éviter des scènes à rallonge ou qui n’apportent pas grand-chose à l’histoire. On est abasourdi de découvrir cette lutte secrète dans Paris, basée sur des faits réels romancés, qui mêle à la fois politiciens, résistants et mercenaires, des parties qui s’opposent et qui sont prêtes à en découdre à chaque instant.
