Nom de la série : le rêve du tchernobog
Scénario : Mélody Cisinski
Dessin : Mélody Cisinski
Couleur : Mélody Cisinski
Maison d'édtion : Dargaud
Avec le rêve du tchernobog, Mélody Cisinski nous propose une uchronie surprenante sur fond de Révolution russe. Cet ouvrage est un intégral reprenant le premier tome de la révolution des damnées paru en 2021 en venant lui apporter une conclusion des plus magistrale. L'histoire de deux frères rivaux, deux destins que tout oppose qui vont devoir s'allier afin de libérer la Russie du joug tsariste.
À l'ouverture de cet ouvrage, on découvre un homme en train de se noyer sous le regard suppliant d’une petite fille. Cet homme, c'est Yuri, un anarchiste cosaque servant la causes des verts. Mais pour comprendre comment Yuri en est arrivé là, l'autrice nous renvoie à un moment charnière de son passé. Le moment où Yuri est convié à retrouver Nikita, un général bolchevique que tout le monde craint de tous. Ce dernier va lui confier une mission de la plus haute importance, assassiner la dernière héritière tsariste.
Si Yuri n'est pas effrayé par ce tyran, c'est parce que les deux hommes ont grandi ensemble, aux bords du lac Kitej, en Russie. C'est l-bas qu'ils ont fait la rencontre de la belle et douce Elena dont ils vont tous deux tomber éperdument amoureux. Les deux soupirants resteront inséparables jusqu'au jour tragique du décès de la jeune femme ; laissant les deux jeunes hommes dans le désarroi et les poussant à suivre leur propre chemin.
L'un deviendra un anarchiste réputé tandis que l'autre sera promu à un haut grade dans l'armée bolchevique. Deux " frères ", deux destins que tout oppose, mais qui luttent pour libérer la Russie du joug tsariste. Et le moment semble être des plus propices, car si Yuri parvient à éliminer le dernier membre de la lignée des Romanov, la révolution pourrait enfin s'accomplir…
La sensibilité de notre jeune idéaliste lui permettra elle de mener sa mission a bien, surtout une fois qu'il aura fait la rencontre de sa cible, à savoir, la jeune et impétueuse Nadya.
Avec le rêve du tchernobog, Mélody Cisinski clôture brillamment sa première bande dessinée. Une uchronie singulière, nous ancrant dans une réalité saupoudrée de fantastique, mêlant histoire et folklore slave. On y retrouve des personnages de légende tels que la terrible baba yaga, la présence de divinité païenne, et même un immense golem d'acier. C'est très bien écrit, le rythme est soutenu et les différents protagonistes fouillés, faisant qu'on s'attache facilement à certains et qu'on en déteste d'autres. Une aventure rocambolesque qui nous prend aux tripes et dont il est impossible de sortir avant d'en connaître la fin. Un récit dense et intense a la conclusion moraliste et extrêmement bien pensée. La partie graphique est à limage de la narration, le dessin particulier nous demande un petit temps d'adaptation afin de rentrer pleinement dans l'univers qui nous est délivré. Mais une fois le cap franchit, il n'y a plus de retour possible. Un style un peu brut à mi-chemin entre manga et animation, fait d'un découpage donnant une grande fluidité au récit. Une histoire qui a su réveiller l'enfant qui sommeillait en moi.
Vous l'aurez compris, pour moi, le rêve du tchernobog est une partition sans réelle fausse note, un vrai coup de cœur qui a su me tenir en haleine du début à la fin.
Un récit bien plus sombre qu'il n'y parait, mêlant action, émotion, et oscillant entre réalité et fiction. Une histoire singulière, au style graphique impeccable qui sous ses aspects de roman jeunesse, reste tout de même réservé à un public, je pense de plus de 15 ans.
