Titre du Tome: Les compagnons de la libération - Grenoble
Quitte à payer le prix fort, les habitants de Grenoble ont fait le choix durant la seconde guerre mondiale de résister face au gouvernement français et à l’invasion allemande. Malgré la répression et les déportations, les actes de résistance orchestrés par des bombes vont faire entrer ces hommes et ces femmes parmi les Compagnons de la Libération. Un très bel hommage et un devoir de mémoire rendus à travers ce dixième volet de cette série.
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Grenoble, la capitale des Alpes fut aussi un lieu de résistance durant la seconde guerre mondiale, une période à ne pas oublier. A la maison de retraite des Edelweiss, la jeune collégienne Inès a rendez-vous avec un résident nommé Marcel. En effet la jeune fille doit rédiger un exposé et quoi de mieux que de récolter le témoignage d’un acteur de l’époque. Cela tombe bien puisque Marcel était artificier, un poseur de bombes et résistant de la première heure contre les collabos de France. L’étrange duo intergénérationnel va s’installer dans l’espace détente et Inès va commencer son interview mais la jeune fille ne connaît de cette période que les cours d’histoire qu’on lui a enseignés. Marcel va lui faire découvrir une autre vision de la résistance et ensemble ils vont remonter le temps pour se retrouver au cœur des actions de résistance.

A la signature de l’armistice en 1940, Grenoble et ses habitants se retrouvent en zone non occupée et ses députés refusent de reconnaître les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Des groupes de résistance contre le gouvernement se mettent en place à travers des journaux clandestins dont « Les allobroges », la fabrication de faux papiers permettant ainsi de transformer les gens soumis au STO en étudiants. La ville sera ensuite occupée dès 1942 par les Italiens puis en 1943 par les Allemands. La répression, les déportations, les exécutions vont avoir pour réponses des actions de manifestations, de sabotages et d’attentats. Le jeu du chat et de la souris va se perpétrer jusqu’à la fin de la guerre entre les allemands et la résistance française à travers notamment les « groupes francs ». Les actions de résistance et « attentats » étaient tellement fréquents qu’ils n’effrayaient plus les habitants à l’image de ce couple dans le récit que nous vous laissons découvrir.
Afin de rendre hommage à ces actes de résistance reconnus, le scénariste Jean-Yves Le Naour va créer le personnage de Marcel qui va servir de héros et porte-parole des actions de résistance menées par les « groupes francs », puis celui de la jeune collégienne Inès qui fera office de transmission du devoir de mémoire. Mais pour éviter que le déroulé du récit ne soit ennuyeux, l’auteur a pour ce 10ème récit des Compagnons de la Libération fait le choix de télétransporter la jeune Inès pour la positionner à côté d’un Marcel jeune, le duo va ainsi se retrouver au cœur de toutes les différentes actions et par extension le lecteur aussi. Cette manière de faire renforce le récit, intensifie les actions, introduisant ainsi du rythme et du suspense.

Le duo va ainsi vivre le vol des fichiers du STO, la rafle du 26 Aout 1942, le rôle de l’abbé Pierre ou encore l’occupation italienne. Autant de faits historiques et d’actes de bravoure, de lieux qui risquent de disparaître au fil des années, remplacés par des banques, chaînes d’hôtels ou autres stèles commémoratives comme l’évoquent très bien les auteurs.
Le dessin est confié à Philippe Tarral qui connaît bien Grenoble pour y avoir réalisé ses études et aussi les Compagnons de la Libération pour avoir illustré l’album sur Pierre Messmer. Son trait s’adapte parfaitement à ce type d’histoire, offrant un maximum d’information visuelle simple qui ne prend pas le pas sur le récit, ce que l’on attend d’un dessin sur ce type d’ouvrage.
Après L’île de Sein, Vassieux-en-Vercors, c’est un nouveau lieu qui est mis en avant dans la série les Compagnons de la Libération à travers la ville de Grenoble, une belle occasion de rendre hommage à une résistance de groupe et pas uniquement à une personne car la résistance c’est avant tout un acte collaboratif.