Nom de la série : Les filles des marins perdus
Tome : 3
Scénario : Teresa RADICE
Dessin : Stefano TURCONI
Couleur : Stefano TURCONI
Maison d'édtion : Glénat
Malgré l’interdiction, le capitaine Allali débarque à Alger. Il souhaite monter la ville de son enfance à Tess. Après quelques heures, il est enlevé par une ancienne connaissance à qui il va raconter ses vingt dernières années. Teresa Radice et Stefano Turconi revisitent le récit d’aventure pour notre plus grand plaisir !
Le Last Chance est au large d’Alger. À son bord, Tess trépigne d’impatience de visiter la cité. Pourtant, le capitaine Allali n’a rendez-vous avec le Dey que dans une semaine. Pendant ce temps-là, tout l’équipage est consigné à bord. Qu’à cela ne tienne, Yasser décide de braver l’interdit. Avec Tess, ils visitent donc la cité de son enfance. C’est alors que le capitaine est violemment pris à partie. Lorsqu’il se réveille, il se retrouve face à son passé. Ce dernier prend la forme de Khaled. Vingt ans auparavant, tous deux appartenaient à la Fraternité. Yasser, qui s’appelait encore Zahid, avait pour mission d’assassiner le Dey de l’époque afin que son principal opposant, le père de Khaled, puisse prendre sa place. Zahid avait accepté de former un novice en la personne de son frère adoptif, le véritable Yasser. Malheureusement, l’opération a échoué. Yasser est assassiné et Zahid a pris la fuite. Pour Khaled, c’est l’occasion d’une double vengeance. Il ordonne donc à Zahid de terminer sa mission. Mais pour l’officier de la Royal Navy, le plus important est d’obtenir des nouvelles de Tess O’Neill…
Quand on évoque les récits d’aventure en haute mer, on pense davantage à Jack Sparrow qu’à Charlie Dalin. Il faut dire que les frères de la côte ont profondément marqué l’imaginaire collectif grâce à la littérature et au cinéma. Pourtant, hier comme aujourd’hui, monter à bord d’un bateau est toujours une grande aventure. C’est indiscutablement le postulat de départ de Teresa Radice qui nous raconte avec brio des « histoires de terre, de mer, de marins et de filles de joie » depuis maintenant presque dix ans. Ce troisième opus, les Filles des marins perdus s’ouvre sur la baie d’Alger. On y retrouve Tess O’Neill et le beau capitaine Yasser Allali. Pour les aficionados de la série, on se situe dans l’exact prolongement de l’album précédent. Néanmoins, c’est une aventure totalement inédite et indépendante qui attend le lecteur. Une histoire qui ne nécessite donc pas obligatoirement de connaître la saga. En effet, comme à son accoutumée, Teresa Radice raconte des souvenirs. Ce flashback concerne ici le capitaine Allali. Ne pouvons rien refuser à Tess, il brave l’interdiction d’accoster à Alger. Malgré toute la prudence dont les amoureux font preuve, ils sont kidnappés. Point de rançon, les ravisseurs sont de vieilles connaissances du marin et ils veulent juste qu’il remplisse son ancienne mission. Frappé et mal en point, le capitaine est soigné par une femme qu’il considérait comme sa sœur et qu’il n’a pas vu depuis plus de vingt ans. Il va donc lui raconter son histoire. Réussissant à s’évader, Yasser va partir à la recherche de Tess, vendue à Naples. Cette opération de sauvetage constitue la deuxième partie, la plus dynamique, de l’album. D’une façon générale, on ne s’ennuie pas en suivant les aventures de Yasser et de Tess. Les rebondissements sont parfaitement dosés, les péripéties tombent toujours au moment opportun et les personnages sont extrêmement attachants. Même si certains sont détestables, ils le doivent toujours à leur destinée et à leur choix et la scénariste expose parfaitement que tout le monde est maître de ses choix. Si l’intrigue est exceptionnelle, le dessin est totalement du même tonneau. Le trait de Stefano Turconi est d’une finesse, d’une douceur comme je n’en ai que rarement vu. On est immédiatement sous le charme. Et puis on regarde plus en détail et on se rend compte de la précision de chaque planche, de chaque vignette. Chaque personnage est identifiable au premier regard, même s’il se trouve représenté dans un angle extraordinaire. Le moindre geste, la moindre émotion est parfaitement lisible. On devine également l’immense travail préparatoire en contemplant les décors. De la Médina Algéroise aux ors des palais de Naples, des intérieurs orientaux aux ruines de la ville de Pompéi, les décors fourmillent de détails précis qui racontent autant de l’histoire que les actions. La colorisation, dans des teintes pastels, est littéralement somptueuse et convient à merveille tant au dessin qu’à l’époque.
Avec Les filles des marins perdus, Teresa Radice et Stéphano Turconi redonnent vie aux grands, aux très grands récits d’aventures. Une lecture indispensable !