Titre du Tome: Les frères Rubinstein 3.Le mariage Bensoussan

Bensoussan, Moïse est invité à se rendre au poste de police. Contre toute attente, et à quelques mois de sa libération, Salomon s'est évadé de la colonie pénitentiaire agricole où il purgeait sa peine. Évidemment, Moïse n'était au courant de rien mais il est à peine surpris, quelques heures plus tard, de voir son frère parmi les serveurs du repas. S'il lui refuse toute explication, il affirme tout de même qu'il s'agit d'une question de vie ou de mort. Il souhaite garder le contact mais, plus que tout, il veut que Moïse obtienne son bac. Sous la contrainte de certains de ses camarades de classe, Moïse se voit acculé à faire un exposé avec Albert Lipp, un élève à l'esprit très nationaliste. Il découvre que Lipp est la francisation de Lippman et que pour être naturalisé français, il doit choisir le "bon" camp. Il est même invité à un discours du Colonel de La Rocque, haut responsable des croix de feu. De son côté, Salomon, celui qui peut toujours tout arranger se trouve devant un cas compliqué. Bensoussan cherche un groupe traditionnel yiddish. Malheureusement, puisqu'il a perdu son sang-froid devant le Grand Rabbin de France, allant jusqu'à le gifler, il est tricard pour tous les groupes. Pour les deux frères Rubinstein, la situation semble plus en plus délicate…
Chevalier et Elvire De Cock poursuivent leur évocation de la France d'avant-guerre. Mieux encore, car le scénariste se joue du temps. À l'image des deux précédents épisodes, il mène plusieurs temporalités en même temps. Une nouvelle fois, l'album s'ouvre sur le camp de Sobibor, avec l'arrivée d'un convoi de juifs hollandais. Pensant bien faire, Moïse a obtenu du commandant l'embauche d'un assistant. Il était loin de se douter du traquenard dans lequel il s'est fourré : il va devoir choisir qui sauver puis mettre sa propre vie entre les mains de cette assistante. Il devra également la "former" aux coutumes du camp. Les souvenirs de Moïse ne sont jamais loin et ce sont eux qui occupent l'essentiel de l'album. Alors que la vie a tout doucement repris son cours normal, Moïse va devoir faire face à deux dangers : l'évasion de son frère et son enrôlement dans les croix de feu. C'est comme cela qu'on découvre que le nationalisme, pas tout à fait socialiste, gagne peu à peu toutes les strates de la société avec en point d'orgue ce fameux 6 février 1934. Le talent du scénariste, c'est de raconter la vie des deux frères à plusieurs époques sans que jamais le lecteur ne soit perdu. En cela il peut compter sur la colorisation d'Elvire De Cock. Grâce à des nuances subtiles, la coloriste nous fait basculer de la vie pénitentiaire terne à la furie des manifestations des années 30. Pas de souci
pour les dessinateurs en revanche car le décalage temporel ne transforme pas en profondeur les personnages. Chacun sa propre personnalité, que les dessinateurs s'amusent à dévoiler au gré des rencontres et péripéties. Le Paris des années 30 est magistralement retranscrit tant dans ses bâtiments et intérieurs que dans l'atmosphère de soulèvement qui y règne. Il en est de même avec la promiscuité du camp de Sobibor où les tensions et la violence sont omniprésentes.Nom d'utilisateur : LABANDEDU9
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