Les mentors 1 Ana

Ana cherche son bébé depuis 20 ans. Joye est une prostituée qui fuit vers le Maroc. Si rien ne semble les rapprocher, les deux femmes pourtant vont vivre une sacrée aventure.
Après Le Chevalier Brayard, Zidrou et Francis Porcel reviennent avec un thriller dans l’Espagne d’aujourd’hui de haut niveau !
 
Alors qu'il pense pouvoir avoir droit à une petite gâterie de la part d'une auto-stoppeuse, le conducteur d'une voiture est laissé attaché à un poteau en plein désert de Murcie. Il faut dire que si Joye, l'auto-stoppeuse, n'avait pas l'air farouche, c'est parce qu'elle est une femme de petite vertu en fuite. Seulement elle a laissé son portable à sa victime et ce dernier s'est empressé de mettre sa CB en opposition. Voilà donc Joye  contrainte à un menu larcin qui l'envoie tout droit au poste. Elle fait alors la rencontre d’Ana, jeune femme a l'air paumé qui recherche son bébé kidnappé le jour même de l'accouchement, 20 ans auparavant. Même si tout les oppose, les deux jeunes femmes sympathisent et Ana explique à sa nouvelle amie ses recherches à travers le monde. Malheureusement pour Joye, Urban, son souteneur, retrouve sa piste et vu son état d'esprit, la rencontre risque d'être quelque peu violente…

Zidrou est un touche-à-tout de génie. Capable de tirer les larmes des yeux avec L’Adoption, il réussit à nous plonger dans l'univers pesant de la prostitution espagnol avec Le Client. C'est un peu en partant de là qu'on découvre Les Mentors. En effet, on suit  Joye, une jeune prostituée qui tente de fuir vers le Maroc, pourchassée par son mac ultra-violent. Que fuit-elle ? Qui l'a poussé à prendre la tangente ? En chemin, elle rencontre Ana. Elle recherche son bébé mystérieusement kidnappé 20 ans auparavant, après être tombée enceinte tout aussi mystérieusement. Deux héroïnes pour un album intitulé Les Mentors ! C'est là que Zidrou est génial car ces deux héroïnes conservent la totalité de leur part d'ombre et le choix du titre reste absolument énigmatique. Et encore, je ne vous parle même pas de la chute de l'album car vous seriez incapable de me croire tant elle est incroyable ! Une chose cependant est certaine. Le rythme du récit est très bien dosé avec des moments de lenteur auxquels succèdent des accélérations dramatiques, le tout dans une mise en images soignée signée Francis Porcel. Il faut dire qu'après quatre collaborations, le duo belgo-espagnol a trouvé ses marques. Oublié l'univers médiéval du Chevalier Brayard, le dessinateur ibérique s'éclate en dessinant l'Espagne contemporaine. Il a dû prendre également beaucoup de plaisir, et nous aussi, à donner une vraie gueule à ses personnages. Aucun risque de les confondre tant chaque visage, chaque physique, chaque attitude est différente. Annoncée dès la couverture, la colorisation constitue également un élément de narration primordial. En temps normal, les couleurs renvoient avec brio à la moiteur et au soleil espagnol mais les arrière-plans se teintent parfois de rouge afin de créer une atmosphère beaucoup plus violente.

Avec Les Mentors, le duo Zidrou/Porcel réussit encore un joli coup. L'album est bien construit et, s'il ne répond à aucune question, il distille avec justesse une irrépressible envie de dévorer la suite. Attendre promet d'être dur !