Les mots nous manquent

Les mots nous manquent

 

Scénario : Thibault MOUGINOT
Dessins et couleurs : Yas MUNASINGHE
Éditions : Tartamudo

Cette bande-dessinée part d’un projet associatif pour montrer le quotidien de familles syriennes loin de tout fantasme identitaire.

 

Si la guerre en SYRIE peut nous apparaître lointaine, elle est en réalité proche de notre EUROPE et ses sept millions d’exilé·e·s également. De son côté, la FRANCE n’a accueilli que vingt-cinq mille réfugié·e·s dont certaines familles vivent désormais à AUTUN. Les témoignages présents dans cet ouvrage nous montrent que ces familles syriennes sont accueillies plus ou moins fraîchement selon les habitants, mais très chaleureusement par celles et ceux conscient·e·s de l’enrichissement mutuel permis. Par l’intermédiaire de Khaled, un Syrien déjà intégré et parlant le français, les familles syriennes vont apprendre la langue française, découvrir les arcanes des démarches administratives ou des nouveautés inquiétantes pour elles. On les voit par exemple s’alarmer de papiers reçus dans leur boîte aux lettres et qui ne sont que des prospectus publicitaires. Cela étant, AUTUN et la SYRIE ne sont pas si éloignées par la romanisation qu’elles ont connue toutes deux...

La mise en abyme avec le travail de Thibault MOUGINOT et Yas MUNASINGHE rencontrant les familles syriennes nous implique davantage en constatant le travail effectué et les rencontres faites. Cet ouvrage est par ailleurs accessible tant dans les histoires racontées que dans le jeu sur les couleurs  : le sépia caractérise le passé et le bleu le présent. Pour autant, si le projet est intéressant de même que les témoignages, on reste sur notre faim avec un recul de seulement un an et des vies qu’on aurait voulu suivre davantage. Enfin, l’appareil critique est essentiel pour comprendre le projet et s’arrêter sur le sens des mots : alors qu’on nous abreuve à longueur de chroniques nauséabondes de migrants, les réfugiés sont davantage une réalité qu’on devrait prendre en compte pour mieux retrouver notre humanité.

Un ouvrage humain et qui en appelle à dépasser les simples chiffres et faits relatés sur la dictature syrienne pour comprendre la réalité vécue de ces déraciné.e.s s’implantant sur des territoires où on les considérera comme des personnes et pas des « microbes » à l’instar de Bachar EL ASSAD.

Lydie et Nicolas

Nicolas
Chroniqueur
La Bande Du 9