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Les nageuses de minuit Les nageuses de minuit

Les nageuses de minuit

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Nom de la série : Les nageuses de minuit
Scénario : Valentina GRANDE
Dessin : Francesco DIBATTISTA
Traduction : Claudia MIGLIACCIO
Maison d'édtion : Le Lombard

Souffrant de solitude, Viktoria découvre un groupe de femmes agées pratiquant la natation synchronisée. Elle qui a peur de l'eau s'inscrit à des leçons de natation pour intégrer ce groupe d'êtres extraordinaires. Valentina Grande et Francesco Dibattista nous livrent un nouveau portrait de Femme et nous interrogent sur ce que c'est qu'être une femme aujourd'hui.
Viktoria est une jeune New-yorkaise noire d’origine italienne. Elle vit seule avec son chat dans son appartement avec vue sur les toits. Enseignante, elle ne se sent pas complètement épanouie dans son milieu professionnel. Dans sa vie privée, elle souffre de solitude et elle en veut beaucoup à sa mère de lui préférer son demi-frère. Un soir, un collègue lui demande de lui déposer son sac à la piscine, près du collège. Ayant une peur panique de l’eau, ce n’est pas un endroit familier. Pourtant, Viktoria est comme envoûtée par un groupe de femmes âgées pratiquant la natation synchronisée. Dans l’eau, ces femmes marquées par le temps semblent trouver une seconde jeunesse, elles semblent libres, plus libres qu'à l’air libre. Inspirée, Viktoria s’inscrit à des leçons d’apprentissage. Rapidement, le courant passe et la bientôt quarantenaire va découvrir ses nouvelles amies. Il y a Loize, dont le corps est recouvert de tatouages et de cicatrices. Il y a Reba, une ancienne juge qui se sent coupable d’avoir privilégié sa carrière à ses enfants. Il y a surtout Claire, à la fois militante et secrète. Elles se sont rencontrées dans le bassin et partagent maintenant leurs temps libres et leur famille. Seulement, celle qui intrigue le plus Vick, c’est bien Claire et, au détour d’une conversation, elle découvre qu’elle a travaillé au sein de son établissement. Elle décide donc de mener son enquête mais ce qu’elle va découvrir pourrait bien faire voler en éclat cette nouvelle et belle amitié…
Avec un titre aussi énigmatique, on ne sait pas très bien à quoi ça s’attendre. On pense au Grand bain de Gilles Lellouche et puis on ouvre l’album, on découvre Viktoria, l’héroïne en proie à une forme de spleen mais point de maillot de bain. Il faut attendre la 20e page pour enfin découvrir une piscine. Et l’équipe de natation synchronisée qui s’y entraîne. On n’était pas tombé si loin que cela ! Néanmoins, cette piscine, c’est un prétexte à la création d’un groupe de femmes. Là encore, on aurait dû s’en douter car la scénariste Valentina Grande n’en est pas à sa première œuvre sur les femmes. C’est ainsi qu’elle a publié une biographie de Gertrude Stein et un ouvrage sur L’Art féministe en BD. En effet, Viktoria va être comme attirée par ces femmes. Elle va s’inscrire à des cours de natation, alors qu’il est aquaphobe, afin de faire leur rencontre et d’intégrer leur groupe. C’est alors qu’on prend pleinement conscience de l’enjeu de l’album : elles sont toutes différentes mais elles ont toutes vécu des choses qui font d’elles ce qu’elles sont. Elles sont devenues mères parce que c’est comme cela, mais elles ne cachent pas qu’un enfant est un obstacle à leur vie de femme. Elles ont privilégié leur carrière et subissent leur regard culpabilisant de la société. Tous ces thèmes, et bien d’autres, nous poussent à nous interroger sur la Femme et son rôle dans la société. Là où la scénariste ajoute un supplément, c’est qu’elle n’hésite pas à évoquer la « pseudo culpabilité des hommes, des blancs, des riches ». En tant que lecteur, cela me pousse à l’introspection mais sans entrer dans un message agressif. De nombreux thèmes, donc, mais tous bien dans notre actualité. C’est d’ailleurs un homme qui cette histoire de sororité en images. Francesco Dibattista connait bien la domination masculine malsaine, lui qui a déjà illustré Il m’a volé ma vie. Il ajoute ici de très beaux camaïeux de couleurs tout en conservant un trait très arrondi. On s’attache facilement à ces femmes et on intériorise leurs émotions et leur passé. La mise en page va chercher ses influences dans ce qui se fait de mieux à travers le monde et on passe un très bon moment entre ces copines qui nous racontent qui elles sont.
Alors où la notion de féminisme est combattue dans la plus ancienne démocratie du monde, il me semble important de savoir précisément de quoi on parle. C’est tout l’objectif de ce roman graphique qui parlera aux femmes mais aussi aux hommes.

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

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