Nom de la série : Les navigateurs
Scénario : Serge LEHMAN
Dessin : Stéphane De CANEVA
Couleur : Stéphane De CANEVA
Maison d'édtion : Delcourt
Après 20 ans d’absence, Neige retrouve son groupe d’amis. Elle a découvert une étrange fresque dans la maison familiale et souhaite l’avis de Sébastien, Max et Arthur. Le lendemain, Neige disparait laissant derrière elle une partie de l’œuvre inconnue la représentant enlevée par une araignée. Serge Lehman et Stéphane de Caneva signent un album d’horreur tout en élégance qui n’a pas fini de vous faire frissonner.
Depuis qu’ils ont 11 ans, Sébastien, Arthur et Max sont amis. Ils sont tellement inséparables qu’au lycée, on les surnommait « la bande du panorama », du nom de leur rue. Et puis un jour, Neige a emménagé dans la rue et elle a intégré la petite bande. Seulement, la vie les a séparés ; ou presque. Sébastien, l’éditeur, travaille avec Max, l’écrivain et ils rendent visite à Arthur, amputé d’une jambe après un accident d’urbex. C’est Neige qui est partie après l’accident d’un enfant dont elle était la baby-sitter. C’est elle aussi qui, 20 ans plus tard, revient à Clamart et rassemble la petite troupe. Elle redécore la maison familiale et elle est tombée sur une étrange fresque recouverte d’un papier peint grillagé de cuivre. Elle souhaite connaître l’avis des garçons. Le lendemain, sans nouvelle de Neige, Max retourne à Clamart. C’est alors que tout le quartier est secoué par un son inhumain. Une fois à l’intérieur, Max et Arthur découvrent médusés la dernière partie de la peinture : il y a une immonde araignée enlevant Neige…
Cela commence comme une comédie romantique. Une jeune femme, Neige, renoue avec d’anciens copains de lycée, Sébastien l’éditeur, Max l’écrivain et Arthur l’aventurier. Seulement, 20 ans ont passé depuis leur dernière rencontre et les retrouvailles sont quelque peu mouvementées. Les présentations étant effectuées, l’intrigue change et prend un tour plus policier : Neige disparait et aussitôt, les trois copains se lancent à sa recherche. Il semble que cet enlèvement ait un lien avec une étrange fresque signée de Ferdinand Krebs. Tout doucement, les amis remontent le fil d’un peintre oublié de l’histoire de l’art mais cité par des artistes tels que Cocteau, Pawlowski ou l’ingénieur Belgrand. Tout doucement, ils entraînent le lecteur dans un univers fantastique peuplé de monstres divers et variés, « la vieille mer ». Et si, au départ, on se dit que l’abus de shit est peut-être à l’origine de leurs extrapolations, on est tout de même obligé de se faire une raison : on plonge dans un récit sombre, digne de Stephen King ou Guillermo Del Toro, où l’humanité prend une sacrée claque. Une histoire qui nous fait remonter le temps avant les Parisiens, avant les premiers hommes, aux origines de notre monde. Pourtant, j’avais comme une appréhension au vu de l’épaisseur de l’album et, je l’avoue, j’ai été contraint de faire une pause. Mais je n’ai jamais pu me sortir de cette histoire de la tête. Je ne pensais qu’à une chose : découvrir la fin ! Là aussi, le dénouement est inattendu et spectaculaire. Ayant déjà collaborés sur la série Metropolis ou La brigade chimérique, scénariste et dessinateur sont totalement en symbiose. La construction semble simple mais lorsqu’on y regarde de plus près, elle nous engloutit sans qu’on s’en rende compte ! Le trait est d’une grande finesse et d’une grande délicatesse par ailleurs renforcée par l’utilisation du noir et blanc. Là aussi, les choix sont judicieux car l’horreur s’adapte à merveille avec ces teintes. L’atmosphère, que ne renierait certainement pas HP Lovecraft, est parfaitement rendue par certaines vignettes, par la représentation d’un Paris antédiluvien, mélange de toutes nos peurs et par les références surréalistes.
Au final, si vous cherchez le meilleur album pour vous faire frissonner en cette Halloween 2024, ce sont Les navigateurs qu’il vous faut.