Nom de la série : Les piliers de la terre
Tome : 3
Titre du Tome: Le chantier de l'espoir
Scénario : Alcante
Dessin : Steven Dupré
Couleur : Steven Dupré
Maison d'édition : Glénat
Publié par Glénat, ce troisième volet intitulé : "La pierre, le pouvoir et la foi",poursuit l’ambitieuse adaptation du chef-d’œuvre de Ken Follett. Après avoir posé les bases humaines et politiques du récit, ce volume plonge au cœur de ce qui fait le souffle du roman éponyme, à savoir, la construction de la cathédrale, non pas comme un monument, mais comme un champ de bataille où se croisent espoir, ambitions et trahisons.
Dans ce troisième tome, les chemins se divisent, mais l’enjeu demeure : bâtir Kingsbridge, ou la laisser tomber sous la mainmise des puissants.
Tom Bâtisseur peine à lancer la construction de la nouvelle cathédrale. Les plans sont achevés, les fondations dessinées au sol. Mais lorsqu’il souhaite exploiter la carrière nécessaire au chantier, il découvre que des hommes y campent déjà : ils ont été envoyés par William Hamleigh, dont la haine contre Kingsbridge ne connaît ni repos ni mesure. Un premier coup de semonce qui vise à étouffer la ville avant même que la première pierre ne soit posée.
De son côté, Jack a quitté Kingsbridge. Avec sa mère Ellen, il s’est réfugié dans la forêt, loin de Tom, loin des tensions du prieuré, laissant derrière eux un vide dans le cœur de Tom que personne ne peut vraiment combler. Le chantier quant à lui perd, l’une de ses forces les plus prometteuses, même si Jack l’ignore encore.
Au prieuré, l’évêque Waleran prépare un coup plus perfide : sous prétexte d’une visite du nouvel évêque pour la Pentecôte, il veut démontrer que Kingsbridge n’a pas avancé d’un pouce, pour récupérer le chantier et le déplacer sur ses propres terres. Une machination habile… Heureusement, une jeune servante surprend la conversation entre Waleran et les Hamleigh et alerte Philip.
Le prieur n’a alors qu’une issue : mobiliser tous les habitants de Kingsbridge. Paysans, artisans, femmes, enfants, tous sont appelés à prêter main-forte, ne serait-ce que pour quelques jours, afin de montrer un chantier vivant avant l’arrivée de l’évêque. Ce n’est plus seulement un édifice religieux qui se joue, mais la survie même de la communauté.
Pendant que Tom orchestre cette ruée de bonne volonté, Jack et Ellen poursuivent leur vie en marge, sans savoir que leur absence pourrait coûter cher à ceux qu’ils ont laissés derrière eux.
Mais les efforts du peuple pourront-ils empêcher Waleran et les Hamleigh d’imposer leur loi ? Et la cathédrale pourra-t-elle vraiment parvenir à s’élever ?
Ce troisième tome marque un tournant : l’intime s’efface pour laisser place à l’organisation collective, à la lutte acharnée pour empêcher les puissants d'étouffer Kingsbridge. Alcante parvient à condenser une multitude d’événements sans jamais perdre la clarté du récit.
Le rythme est maîtrisé : les enjeux politiques montent en parallèle de la construction, et chaque obstacle posé par Waleran ou William renforce la cohésion du village.
Le récit s’élargit, gagne en souffle, dévoile son caractère de fresque humaine. La dynamique entre le prieur Philip et les notables reste l’un des moteurs narratifs les plus efficaces du volume, révélant à quel point la foi, le pouvoir et l’orgueil se mêlent dangereusement dans cette Angleterre tourmentée.
Ce tome brille par son sens du suspense discret mais constant : rien n’est jamais acquis, et chaque victoire semble fragile, comme une pierre posée sur un sol encore instable.
Le trait de Steven Dupré est toujours aussi solide, détaillé et vivant. Les chantiers, les maisonnettes, les routes boueuses, les intérieurs modestes du prieuré : tout respire une authenticité brute qui sert l’histoire sans jamais l’alourdir. Les foules sont dynamiques, les expressions nuancées, et l’architecture en devenir occupe une place centrale.
La représentation de la cathédrale à son stade embryonnaire est particulièrement réussie : à travers ses échafaudages et ses fondations, on sent déjà le rêve de Tom prendre forme. La mise en scène des complots, souvent dans des alcôves sombres ou des recoins étroits, crée un contraste fort avec les scènes plus lumineuses du chantier, où la communauté s’unit.
Ce troisième tome des Piliers de la Terre confirme que l’adaptation BD est non seulement fidèle à l’esprit du roman de Follett, mais qu’elle parvient aussi à trouver sa propre voix. Entre manigances politiques, tensions sociales et souffle collectif, ce volume pose de nouvelles pierres essentielles à l’édifice.
Une lecture prenante, rythmée et profondément humaine, qui laisse présager une montée en puissance pour la suite — lorsque les pierres, enfin, commenceront à monter vers la lumière.