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Les Salamandres Les Salamandres

Les Salamandres

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Nom de la série : Les Salamandres
Scénario : Julien FREY
Dessin : Adrian HUELVA
Couleur : Adrian HUELVA
Maison d'édtion : Drakoo

Graham aimerait juste un boulot et un enfant. Mais la Société a de plus grands projets pour lui ! Et il est impossible de dire Non à la Société ! Les Salamandres est une dystopie aussi drôle d’effrayante, un projet de futur qu’on ne voudrait jamais avoir imaginé !
La vie de Graham Gomez est une déception. Journaliste alors que la liberté d’information disparaît, il reprend la boucherie familiale lorsque la société interdit la consommation de viande, prétextant des raisons de santé. Il débute alors une formation de conducteur de Speed V et ainsi remplacer les conducteurs grévistes. Plus que tout, il souhaite obtenir un agrément enfant et enfin adopter avec son épouse. C’est dans ce cadre qu’il reçoit la visite d’une employée de la Société. Cet envoyé des conseillers veut lui faire un cadeau qu’on ne peut refuser : trois mois dans la station orbitale de Mars. Le but avoué : promouvoir le nouvel exosquelette de la Société et permettre à Graham de toucher, enfin, son rêve de paternité. Mais, contre toute attente, Graham refuse. Il ne souhaite pas la notoriété, juste une vie simple. C’est alors qu’il est licencié, passé à tabac dans un bar et témoin d’un suicide. Mais pour la Société, cette mort lui est imputable. On ne vous avait pas dit que l’offre n’était pas refusable...
Il est peu dire que la pandémie de COVID-19 qui frappa le monde en 2020 a profondément marqué les esprits et, lorsqu’on lit Les Salamandres, il est difficile de ne pas faire le lien. À moins que cela ne provienne de mon esprit dérangé ? Imaginez ! Le monde est divisé en secteur et le secteur 14 est dirigé par les conseillers de la Société. Jusque-là, pas de problème ! C’est dans cet univers que nous faisons la rencontre de Graham Gomez. Immédiatement, on ressent une gêne. Il est question d’une grève dans les transports en commun et de personnel embauché pour remplacer les grévistes au nom de la liberté de circulation. Cette querelle ne vous rappelle rien ? Elle réapparaît à chaque mouvement de protestation dans les transports publics! mais la gêne va encore s’accentuer, rapidement. Graham aime la viande et même s’il urine dans l’évier de la cuisine, immédiatement, un écran s’allume et un type à tête de batraciens lui annonce qu’il lui retire des « crédits ». Aucun doute, la Société doit être de la même famille que Big Brother ! Quelle particularité alors pour distinguer cette dystopie de toute la production ? Les salamandres ! À l’image de l’œuvre de Ionesco, des gens tout ce qu’il y a de plus humains se transforment en amphibien. Pour protéger la société, les conseillers ont décidé de séparer les batraciens des humains : ils se retrouvent confinés dans leurs espaces afin d’éviter toute contamination. Ca y est, vous avez le lien ? Nous ne sommes pas si loin des images de la Chine pendant la pandémie. Avec un côté qu’on avait déjà à l’époque : un jusque-boutisme frisant l’absurde. Pour agrémenter le tout, Julien Frey ajoute une intrigue politico-policière extrêmement bien construite. Cette histoire délirante et inquiétante est mise en image par Adrian Huelva. Le dessinateur espagnol nous avait beaucoup plu avec Les pays d’Amir (sur un scénario de Séverine Vidal), il récidive ici dans un style totalement différent. Les personnages sont clairement caricaturés et c’est heureux afin de limiter les stéréotypes sur les salamandres. Les Jeux de regard sont omniprésents, aussi drôles que gênants. Les décors sont à tomber par terre : ils ont un côté futuriste du passé tout simplement génial. C’est comme regarder un film de science-fiction des années 70-80. La colorisation dans les camaïeux d’orange nous rappelle le vieux papier peint de la salle à manger parentale ! Mais la colorisation est également un élément primordial d’ambiances, toujours dans ce côté rétrofuturiste assumé.
Lorsqu’on débute la lecture de ces Salamandres, on se demande bien dans quoi on a mis les pieds. On a cette impression de déjà-vu, que ce soit les similitudes avec la société chinoise, avec l’univers Orwellien ou avec Rhinocéros. On s’attache malgré tout à Graham, cet anti-héros si humain. Au final, on dévore l’album d’une traite avec le sentiment mélangé d’humour et de gêne et on finit par espérer que jamais l’anticipation ne devienne réalité. En croisant les doigts, il est difficile de lire mais je vous recommande de fournir cet effort. Vous ne le regretterez pas !

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

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