Nom de la série : Les vents ovales
Tome : 2
Titre du Tome: Monique
Scénario : Jean Louis Tripp et Aude Mermilliod
Dessin : Horne
Couleur : Jerome Maffre
Maison d'édtion : Dupuis - Aire Libre
Monique et Yveline sont maintenant des jeunes femmes qui prennent leur vie en main, l’une à Paris pour ses études et le militantisme, l’autre dans le sud-ouest pour donner naissance à un enfant dans un monde meilleur. A la veille de Mai 68, les auteurs transportent les lecteurs dans un univers nostalgique, pédagogue et sentimental tellement prenant que l’on en redemande.
Octobre 1967, sur la petite place du village, Pascal raccroche rageusement le combiné du téléphone et sort de la cabine téléphonique en furie. Yveline vient de lui dire qu’elle ne viendrait pas à la Toussaint, prétextant qu’elle a trop de boulot et qu’elle profite bien de la vie parisienne. Pascal rejoint, à l’épicerie, le frère d’Yveline et lui fait part de sa déception. Chez les Poumès, les fins de mois sont difficiles et Henri le père est obligé de voler des tuiles à l’usine pour refaire sa toiture. Quant à Monique, elle partage toujours sa vie avec Eric, communiste dans l’âme. Ils attendent ensemble un heureux évènement mais la situation avec son père ne semble pas s’arranger même si sa mère vient la voir en cachette en espérant la faire changer d’avis. Le rugby se pratique toujours sous la pluie et dans la boue. Ainsi va la vie à Larroque sur Garonne, seule ombre au tableau l’accident vasculaire de Vassiliu.
Retour sur les terres rugbystiques pour ce deuxième volet se déroulant d’octobre 1967 à Avril 1968. Le trio d’auteurs Mermilliod – Tripp – Horne nous entraîne une nouvelle fois dans le quotidien des villages de Larroque et Castelnau dans le sud-ouest. Villages tranquilles loin de toute préoccupation à part le rugby. Et pourtant, c’est à partir de ce petit coin de France que les auteurs vont développer tout un récit pour livrer aux lecteurs une chronique sociale et plus particulièrement sur la période pré Mai 68. Ainsi, les deux personnages principaux que sont Monique et Yveline vont leur permette de servir de fil rouge pour dérouler leur discours. D’un côté Monique, fille de Gaulliste qui se met en ménage avec un communiste permettant ainsi d’aborder le chapitre des conflits politiques, lutte des classes et conditions ouvrières. De l’autre, Yveline, partie faire ses études à la capitale, qui rapportera de son séjour les mouvements étudiants et contestataires, le sujet de l’IVG mais aussi l’arrivée du « Jinn ». Mais toutes les deux se relient sur un sujet, l’émancipation de la femme.
Cette saga, « les vents ovales » a quelque chose de magique. Tout au long de l’album, la situation reste légère, agréable, comme si le temps s’était arrêté et pourtant le quotidien est plus que mouvementé. L’album se lit d’une traite au regret de voir le mot fin. Les auteurs ont réussi à embarquer les lecteurs dans un passé nostalgique en utilisant des artifices payants comme les pages d’actualités, des musiques d’époque, des clins d’œil vintage, des évolutions technologiques pour l’arrivée de la machine à laver. Un très beau travail de préparation qui donne un deuxième album largement à la hauteur du premier volet, à l’image de la couverture, simple mais efficace.
Le dessinateur Horne est époustouflant de réalisme à la fois dans les détails mais également dans les postures des personnages permettant une immersion totale. Cette série n’est pas sans rappeler la série « les beaux étés » de Zidrou et Lafebre, ce type de série qui fait voyager dans le temps, un brin nostalgique sans perdre de vue l’impact des actions passées.
Tout porte à croire, vu la montée des revendications ouvrières et l’exaspération de la jeunesse, que le troisième volet enchaînera sur Mai 68. Hâte de retrouver tous les protagonistes et merci aux auteurs pour ces bons moments.