Nom de la série : Macbeth
Scénario : Paul et Gaëtan BRIZZI
Dessin : Paul et Gaëtan BRIZZI
Couleur : Paul et Gaëtan BRIZZI
Maison d'édition : Daniel Maghen
Les frères Brizzi poursuivent leur travail d’adaptation des immenses classiques de la littérature mondiale. Ils nous font traverser la Manche et revisitent le mythe des amants maudits de Macbeth avec toujours autant classe !
De retour de la guerre contre les Norvégiens, lord Macbeth rentre chez lui, fourbu mais heureux de retrouver son épouse. Pourtant, quelque chose le turlupine : sur le chemin du retour, avec Banco, il a fait une étrange rencontre. Trois mystérieuses vieilles femmes, autour d’un chaudron, au beau milieu de la montagne, lui annoncent qu’il sera roi. Si cette annonce traumatise Macbeth, elle bouleverse littéralement son épouse. Pour ne rien arranger, le héros de guerre a invité le roi Duncan et son équipage pour le remercier de sa générosité envers lui. Au cours du banquet, Lady Macbeth saisit une rixe entre le roi et ses fils. Dévorée par l’ambition propagée par les sorcières, elle presse son époux de tuer le roi, le soir même. Seulement, très rapidement, Macbeth est pris de remords et victime d’hallucinations. C’est alors que Banco se remémore à la prophétie. Malheureusement pour lui, Macbeth et son épouse aussi…
Après l’Enfer de Dante et Don Quichotte de la Manche, Gaëtan et Paul Brizzi s’attaquent à un autre monument de la littérature mondiale. Une nouvelle fois, cette adaptation est l’occasion de faire connaître ce chef d’œuvre de la littérature britannique à des novices et surtout au plus grand nombre. Une nouvelle fois, c’est l’occasion pour les frères Brizzi de nous montrer leur perception de cet ouvrage patrimonial. Première différence, là où le dramaturge anglais découpe sa pièce en cinq actes, les artistes français réalisent une œuvre sans réelle coupure. Là où Shakespeare exprime les tourments intérieurs de ses personnages par une prose oratoire magnifique, Paul et Gaëtan Brizzi utilisent les jeux de lumière. Pour autant, les deux frangins n’en oublient pas le rythme. Il ne leur faut que quelques pages pour exposer l’intrigue. Sauf qu’ils n’hésitent pas à s’affranchir des règles d’unité du théâtre. C’est ainsi que lorsque Macbeth raconte sa rencontre avec les trois sorcières, les sœurs du destin, son récit prend une toute autre dimension. On la vit à hauteur d’homme, avec les yeux de Macbeth. Il en est de même pour les hallucinations des époux maudits. Au-delà des mots, le lecteur voit les fantômes et le sang. Tout cela apporte une version plus dynamique et bien plus visuelle de l’œuvre. D’autant que les Brizzi ne changent pas une équipe qui gagne. Ils reconduisent donc leur style si particulier. L’effet crayonné est absolument irrésistible. Cela apporte une expressivité décuplée aux personnages : la moindre ride, le moindre regard prend une épaisseur et une importance primordiale. Pour autant, le duo nous offre de pleines pages, voire des doubles pages de toute beauté dans lesquelles les détails fourmillent. C’est particulièrement vrai dans les scènes de guerre : on entend les épées frapper les boucliers, on monte les échelles à côté des fantassins, on entend le bruit des arcs. Les dessinateurs améliorent même leur technique en insérant des scènes en noir et rouge. Le rouge sanglant devient alors la couleur des visions maudites. Cela aide les lecteurs autant que cela crée une atmosphère pesante et fantastique.
Une nouvelle fois, les frères Brizzi frappent un grand coup en vulgarisant (au sens noble du terme) une œuvre patrimoniale mondiale. Ils n’en oublient pas pour autant d’en faire un ouvrage précis et élégant. En un mot, c’est un nouveau chef-d’œuvre !
