Nom de la série : Madeleine, résistance
Tome : Les nouilles à la tomate
Titre du Tome: 3
Scénario : JD Morvan - Madeleine Riffaud
Dessin : Dominique Bertail
Couleur : Dominique Bertail
Maison d'édtion : Dupuis - Aire Libre
Arrêtée par les nazis et confiée à la police française pour interrogatoire, les jours de Madeleine Riffaud sont comptés. Un troisième volet encore plus prenant que les deux premiers, un véritable chef d’œuvre.
Juillet 1944 dans Paris, Fontaine marche quatre à quatre en direction de son ami Paul. Arrivé à sa hauteur, il lui tend un journal collabo dans lequel il est écrit qu’une jeune femme a abattu un officier allemand puis a été mise en état d’arrestation. Il ne fait aucun doute qu’il s’agisse de Rainer, le nom de code de Madeleine Riffaud. Les craintes sont qu’elle dénonce le réseau. A la préfecture de Paris, le commissaire divisionnaire Fernand David est sur le trottoir en train de fumer une cigarette quand une voiture s’arrête à sa hauteur. Deux militaires allemands en sortent accompagnés de Rainer, le visage tuméfié. Elle n’est pas là par hasard, Les nazis ont mis en place une collaboration étroite avec la police française dont le savoir-faire en termes d’interrogatoire et de torture n’est plus à démontrer. Madeleine Riffaud va ainsi passer de bureau en bureau, de cellule en cellule, subissant des coups et des violences dont l’objectif est de la faire craquer pour qu’elle donne des informations sur le réseau de résistance auquel elle appartient. Tous ses amis sont dans la crainte et la peur, Madeleine va-t-elle résister ?
Cet été, Madeleine Riffaud a fêté ses 100 ans. Un âge qui parait inatteignable pour un bon nombre d’entre nous, et qui aurait pu être quelque chose d’inatteignable pour Mme Riffaud dont la vie aurait pu prendre fin en 1944, l’année de ses 20 ans. En effet cette année-là, outre l’occupation et ses conditions de vie, Madeleine Riffaud est engagée dans la résistance sous le nom de Rainer à seulement 20 ans. C’est cette même année où elle décide d’agir et d’abattre un officier allemand. Aussitôt arrêtée, du haut de ses 20 ans, Rainer va subir la torture mais ne flanchera pas. Quelques années plus tard, elle dénoncera les rafles de Paris durant la guerre d’Algérie puis dans les années 70, les conditions de travail du personnel hospitalier en France. Sa vie sera dédiée à la lutte et la résistance.
Avec un tel parcours, le scénariste Jean David Morvan s’est lancé un défi de taille à vouloir raconter la vie de Mme Riffaud. Lui qui n’est plus à présenter dans le milieu de la BD s’est retrouvé dans une situation de jeune premier face à cette grande dame qui valide tous les écrits du scénariste pour être sûre que toutes les informations soient réelles. Le récit et l’histoire contée par le duo auraient pu n’être qu’une simple énumération de faits, une biographie sans intérêt mais Jean David Morvan n’est pas n’importe qui et il a réussi quasiment à faire de son personnage une véritable héroïne de BD qui vit une aventure basée sur des faits réels.
Ce troisième volet est encore plus puissant que les deux premiers car il se concentre quasiment autour des conditions d’emprisonnement de Madeleine avec un bon nombre de scènes poignantes comme ses discussions avec ses voisines de cellule, la scène de la souris dans sa chambre qui marque le niveau de méchanceté gratuite de ses tortionnaires ou encore ses scènes de torture au commissariat de police avec quelques policiers qui ne cautionnaient pas. Un récit hyper bien découpé où même si on connait la fin, on se demande quand même si elle va s’en sortir.
Et que dire du dessin de Dominique Bertail qui est hyper détaillé, minutieux, précis, documenté, vivant, à l’image du temps qui passe à travers la petite lucarne de sa cellule. En d’autres mots, un chef d’œuvre que vous ne pouvez mettre de côté.
