MAHAR LE LIONCEAU ou l’enfance perdue des jeunes soldats de Daech  

En septembre 2020, la journaliste et réalisatrice de documentaires, Anne POIRET, se trouve au KURDISTAN irakien en repérage pour un documentaire sur les enfants soldats de l’État islamique par ailleurs nommés les « lionceaux » car dressés pour combattre. Elle est accompagnée d’un indispensable fixeur, le journaliste irakien Sangar KHALEEL, et c’est dans le camp de réfugiés yézidis de Kadia au nord de MOSSOUL qu’Anne POIRET rencontre Mahar. Le jeune homme de seize ans accepte alors de témoigner de son parcours sous un nom d’emprunt.
Durant l’été 2014, l’État islamique avance irrésistiblement dans le nord de l’IRAK où vivent en particulier les Yézidis, un peuple dont l’histoire remonte à la Mésopotamie antique, et victimes désormais de la cruauté de Daech. Dans le village de KOCHO, Mahar, du haut de ses dix ans, ne pense qu’à jouer jusqu’à la tragédie du 4 août. Ce jour-là, les forces armées de l’État islamique prennent le village, massacrent et kidnappent le jeune Yézidi. Mahar va alors connaitre l’embrigadement des écoles coraniques et la violence des camps d’entrainement avant de devenir un « lionceau » du califat.
 

Pour réaliser cet ouvrage à la fois poignant et révoltant, la journaliste a repris ses longs entretiens filmés avec Mahar à l’occasion du tournage de son documentaire Enfants de Daech, les damnés de la guerre diffusé sur France 5. Cet ouvrage est ainsi le fruit d’un travail remarquable et tristement édifiant. Il est en effet terrifiant de comprendre comment cet enfant et des milliers d’autres ont pu combattre et commettre des attentats suicides au nom d’un groupe terroriste qui avait pourtant massacré leur peuple. La métaphore du lionceau prend alors tout son sens cynique même si Mahar ne s’explique pas lui-même comment il a pu être endoctriné par ses bourreaux.  Cette tragique histoire est admirablement portée par le travail de Lars HORNEMAN avec un trait précis et une mise en page toujours dynamique. Il convient enfin de souligner la dimension pédagogique de cette réalisation avec une contextualisation toujours présente et plusieurs cartes éclairantes.
 

Cet ouvrage bouleversant invite à réfléchir aux conséquences nécessairement tragiques de toute forme de fanatisme.
 
Lydie et Nicolas