Maltempo

Pour s’extraire d’une vie de misère, Mimmo Maltempo mise sur le rock. Alors, lorsqu’il apprend qu’un télé crochet passe près de chez lui, il compte bien ne pas laisser passer sa chance. Mais dans ce pays de cocagne, rien ne se passe jamais comme prévu !
Avec Maltempo, Alfred clôt sa trilogie italienne rendant un hommage appuyé aux Hommes du Mezzogiorno.
 
Sur une petite ile au sud de l'Italie, la jeunesse s'ennuie. Il y a peu de choses à faire et la construction d'un hôtel de luxe ne devrait pas arranger les choses. C'est entre déprime, misère et mafia que vit Mimmo Maltempo. Agé de 15 ans, il rêve de quitter la fatalité de cette vie au rabais. Son truc pour s'en sortir, il en est sûr, c'est le rock et sa guitare. Alors, lorsqu’un casting pour détecter la future star est organisée dans son village, il ne peut pas laisser passer sa chance. Il saute sur son scooter et réunit les membres de son groupe. Il y a Genniardo dit Mortadelle le fils de l'épicier, Guido le beau gosse rebelle et Cesare le rêveur adorateur des arbres que son père a fichu à la porte. Ensemble, ils répètent dans le hangar de Mauro. Ils ne sont cependant pas les seuls à traîner dans le coin. Et puis, les activités des uns et des autres nuisent aux répétitions mais Mimmo n'est pas prêt à laisser filer son destin pour que ces quelques petits problèmes…

Avec ce Maltempo, Alfred clôt sa trilogie italienne. Si chaque récit est totalement indépendant, un point commun les rapproche :  les souvenirs personnels de l'artiste, « la mythologie intime dans laquelle il a pioché la matière qui nourrit ses fictions ». On plonge donc dans le sud de l’Italie, dans un village écrasé par un soleil de plomb où la misère économique et sociale n'a que la violence de la mafia comme rivale. Un village comme il en existe des centaines et où la nostalgie du fascisme s'oppose au développement touristique. C'est dans ce village que vit Mimmo Maltempo, un jeune homme de 15 ans serviable et gentil mais totalement désabusé. Mais, lorsqu’il apprend qu'un célèbre télé crochet va passer à proximité, il décide la refondation de son groupe pour saisir sa chance. Du portrait de Mimmo, nous découvrons alors les autres membres. Il y a Genniardo, le fils de l'épicier et le batteur qui pense comme son père, très à droite. Il y a Guido le bassiste séducteur et rebelle mais qui sait rester dans le droit chemin. Et puis, il y a Cesare à la fois rêveur et possédant un franc-parler parfois blessant. Il ne faudrait pas oublier les filles, parmi laquelle Alba qui ne laisse pas Mimmo indifférent. Seulement, dans ce pays de cocagne, rien ne se déroule jamais comme prévu et Mimmo va le découvrir à ses dépens. Cela donne une tranche de vie ordinaire entre soleil de plomb et vieille rengaine fasciste, violence de la mafia et volonté d'une vie meilleure. Mais cela donne surtout un récit tout en subtilité et plein de fraîcheur où chaque rebondissement est magistralement introduit et fait battre le cœur du lecteur. C'est d'autant plus vrai que le dessin d'Alfred est toujours aussi efficace. Les paysages sont envoûtants et renvoient parfaitement au climat méditerranéen. Les personnages sont bourrés de charme et très attachants. Quant aux scènes de rock, elles sont à contre-courant de ce que fait l'artiste en temps normal et c'est aussi original qu’expressif. Mais c'est bien la colorisation de Laurence Croix qui marque, elle qui renvoie au soleil de plomb qui inonde le Mezzogiorno.

Loin des clichés, proche des gens ordinaires, la trilogie italienne d'Alfred, et ce Maltempo en particulier, est une ode et un magnifique hommage au sud de l'Italie et à ses habitants.