Nom de la série : Marcel Pagnol
Titre du Tome: Le premier amour
Scénario : Eric Stoffel
Dessin : Jack Manini
Couleur : Jack Manini
Maison d'édtion : GRAND ANGLE
Une histoire de Marcel Pagnol se déroulant au temps de la préhistoire, cela semble inimaginable pourtant elle existe sous le titre « Le premier amour ». Une histoire qui conserve à la fois la fibre Pagnol mais aussi l’ouverture vers l’aventure et l’originalité.
Au temps de la préhistoire, une météorite vient de tomber sur la Terre provocant un énorme incendie au sein de la végétation. Une tribu d’hommes est contrainte et forcée de se déplacer dans les hauteurs. Les pertes sont importantes, ils sont à découvert et doivent faire attention aux mammouths. Quelques lunes plus tard, la tribu a trouvé refuge dans une grotte et va pouvoir célébrer « la course du printemps ». Ce rituel consiste à mettre d’un côté les hommes qui au préalable ont déposé leurs armes et de l’autre toutes les jeunes filles en âge d’être fécondées ou en d’autres termes « aller chercher des enfants ». Parmi elles, une jeune fille du nom de « Petite rouge » qui supplie sa mère de lui laisser encore une saison. Mais il est trop tard, la corne vient de retentir, les jeunes filles doivent courir le plus vite possible vers la colline pendant que les hommes attendent avec impatience pour leur courir après. Au bout de quelques mètres, certaines jeunes filles attendent avec envie qu’un homme les attrape. « Petite rouge » quant à elle a peur des hommes et cherche à fuir le plus loin possible mais un dénommé « Sanglier » arrive à la saisir et s’apprête à la faire enfanter quand une voix se met à résonner. C’est « Homme pâle » qui s’oppose à cette union éphémère en levant sa hache sur « Sanglier ». Ce dernier ne s’oppose pas mais il va devoir le dire aux vieillards de la tribu, « Homme pâle » n’a pas respecté la loi de la course du printemps et a levé son arme sur un frère.
« Homme pâle » va ensuite rassurer « Petite rouge » et lui offrir des fleurs et son collier d’homme. Ces gestes qui nous paraissent tout à faire banals sont en réalité des gestes de bravoure ou de folie dans le contexte de l’histoire. Cette histoire est née sous la plume de Marcel Pagnol en 1934. A la base elle était destinée à devenir un film d’aventure pour la société de production qu’il venait de fonder. Mais ce projet n’ira pas plus loin malgré plusieurs tentatives et finira par sortir sous forme de roman en 1974 après la mort de Pagnol. Quelques années plus tard, c’est au tour du 9ème art de faire découvrir au public cette œuvre en lui redonnant vie dans la collection Marcel Pagnol sous les plumes d’Eric Stoffel et Jack Manini.
Cette histoire est loin, voire très éloignée de la Provence, du soleil et des cigales que l’on a l’habitude de voir dans les autres œuvres de Marcel Pagnol. Et pourtant quelques points communs peuvent être décelés comme l’amour, la fratrie et la société. Ici dans ce récit, la société préhistorique a des règles de vie bien différentes des nôtres. Il n’est pas choquant que tous les hommes courent après les femmes pour les féconder. Pas de sentiment, pas de lien familial, juste donner naissance à des enfants pour la survie de la tribu. Sans violence ni image insoutenable, les auteurs de cette adaptation vont mettre en image un jeune couple (peut être le premier) qui a choisi de ne pas respecter les règles, les lois et qui vont découvrir les premiers gestes d’affection, de sentiment, d’amour.
L’histoire est bien adaptée, car au départ on a du mal à imaginer cet univers chez Pagnol mais la force de la Bande Dessinée qui permet de raconter des histoires, un découpage fluide, des grands espaces, l’action, donnent au final un album prenant que le lecteur aura du mal à lâcher avant la fin.
