Titre du Tome: Médicis T4 Cosme 1er, des miettes ou festin
Olivier Péru et les éditions Soleil poursuivent l’évocation de la famille la plus célèbre d’Italie : les Médicis. Un quatrième volet consacré à Cosme 1er bien dans la lignée de la série : mélange de géopolitique de l’époque, d’espionnage et d'amour. En l’an de grâce 1537, Florence et la Toscane ont un nouveau maître. Le duc est évidement un Médicis. Malheureusement pour la ville, Alexandre aime moins Florence que lui-même. Au lieu de se consacrer à
la Cité, il néglige l’art autant qu’il bafoue les femmes. Son cousin, Lorenzo lui sert autant de conseiller que de larbin. Déchiré entre son amour pour la cité et sa loyauté pour sa famille, celui que l’on surnomme Lorenzaccio décide un beau jour d’éliminer le duc. Pris de remords, il s’enfuit, laissant Florence entre les mains des grands. C’est ainsi que Cosme, héritier d’une branche cadette des Médicis est choisi comme nouveau maître de Florence. Le garçon introverti n’a jamais évoqué la moindre prétention politique et les grands, Guicciardini en tête, espèrent en faire leur marionnette. Malheureusement pour eux, le jeune Cosme est du même bois que ses illustres ancêtres. Une fois couronné, il défie ses ennemis, s’offre les services d’une puissante armée et s’impose très rapidement. Il reste néanmoins sous la menace de son cousin régicide et un pion entre les mains des puissants de l’époque: l’empereur Charles-Quint et François 1er, dont le fils, le futur Henri II, n’est autre que l’époux d’une certaine Catherine… de Médicis.
Depuis quelques années, on assiste à un retour de l’Histoire de la Troisième République. Oubliées l’Ecole des Annales et la Nouvelle Histoire, l’heure est aux figures héroïques. Et la bande dessinée ne fait pas exception. Après
les Reines de sang et les
Champs d’honneur, les éditions Delcourt/Soleil s’intéressent à une famille qui a marqué l’histoire européenne et française, puisqu’elle a donné au royaume de France, deux reines parmi les plus charismatiques. Mais plutôt que de s’arrêter sur ses personnages marquants de l’histoire de France, le scénariste Olivier Péru s’est concentré sur ceux qui ont davantage marqué le Piémont italien. C’est ainsi qu’après Laurent et Jules, c’est désormais à Cosme d’être sous les feux de la rampe. Comme à l’accoutumé, Olivier Péru fait de la cité de Florence sa narratrice. Passé la surprise du premier opus, il reste l’intérêt du procédé : cela permet une mise à distance des principaux protagonistes. Pour le reste, le scénariste narre les circonstances de la prise de pouvoir de Cosme puis les péripéties pour se maintenir dans un jeu incessant de flash-back. On y devine Cosme monter son cousin Lorenzaccio contre Alexandre. Supposition rapidement, trop rapidement, confirmées. Hormis ce détail, le scénario repose sur des bases solides et une grande documentation.
Dès le départ, les albums devaient posséder leur propre dessinateur. Le lecteur y gagnait en temps ce que la cohérence graphique y perdait. Heureusement, l’ensemble des dessinateurs semble s’être mis d’accord sur une certaine charte graphique : le style reste toujours réaliste et les personnages, essentiellement les Médicis, toujours facilement identifiables. Si Francesco Mucciacito réalise de grandes cases de combat, on le sens plus à l’aise dans les alcôves du pouvoir Florentin. Chaque flash-back, je les évoquais précédemment, est identifiable grâce à une colorisation dans un camaïeu de marrons des plus réussi. À noter enfin le risque, pris aux pages 31 à 33, de localiser la scène sur les toits de la basilique de Florence, lors d’un orage. Le défi est alors de rendre le déluge réaliste sur des personnages totalement froids, sans exclure le paysage urbain. Un sacré challenge !
Au final, ce quatrième opus de la saga familiale les
Médicis confirme tout le bien que je pensais d’elle. Il ne reste plus qu’à attendre le dernier volet consacré, enfin, à une femme : Isabelle !