Mimiphisto

Aux Enfers, Méphistophélès mène les âmes à la baguette. Normal pour un chef d’orchestre. Un jour, Mimiphisto, son fils devra lui succéder. Malheureusement, il ne semble pas avoir les mêmes aspirations.
Mimiphisto est une quête initiatique fantastique des plus réussies.
 
Mimiphisto est surexcité ! Le fils de Méphistophélès passe son test, devant son précepteur, afin d'obtenir sa première baguette. Il faut dire que son diable de père mène son petit monde à la baguette et que le fils doit lui succéder ! Quoi de plus normal quand on est chef d'orchestre ; me direz-vous et c'est vrai que pour guider les âmes, il ne faut pas manquer de poigne. Malheureusement, Mimiphisto n'est pas du même bois que son père et son examen vire à la catastrophe ! À tel point que même les instruments prennent leur clic et leur claque et rentrent en enfer. Piqué au vif, Mimiphisto leur emboîte le pas jusqu'à se retrouver au fin fond des enfers.

Paru à l'époque d'Halloween, Mimiphisto appartient à cette catégorie d'œuvre événementielle.  Mais pas uniquement ! A travers l'histoire du fils du diable se déroule une recherche d’identité : Mimiphisto doit faire ses preuves comme chef d'orchestre. Il doit succéder à son père, et cela a été lui a été répété maintes et maintes fois, afin de le mener les âmes à la baguette. Le problème vient de ladite baguette que le garçonnet n'arrive pas à obtenir. Il va s'enfoncer jusqu'au fin fond des enfers afin de montrer ce qu'il sait faire. Après de nombreuses péripéties et recadrages paternels, c'est sa rencontre avec un mentor, le célèbre Baron Samedi qui va le mettre sur la bonne voie, sa propre voie et lui permettre enfin de réaliser ses rêves. C'est donc bien un récit initiatique dans un cadre fantastique. Il devrait ravir les enfants, tout contents de pouvoir s'identifier à ce bon petit diable. Il devrait aussi leur permettre de comprendre que leur vie leur appartient et, qu’à l’heure des influenceurs, ils doivent apprendre à avoir confiance en eux et ne jamais laisser quiconque leur dire qu'ils ne valent rien. La dimension fantastique, évidemment très présente, se fait par le choix des personnages et des décors. En un mot, par le trait de Pierre Henri Laporterie. D'inspiration manga, les personnages sont effrayants mais surtout attachants. L'enfer prend un petit côté métro parisien aux heures de pointe et de local technique interdit au public. Mais le véritable tour de force de l'artiste tient à la lumière qui se diffuse dans cet univers de mort. L'enfer prend alors une dimension poétique déroutante digne de Miyazaki et de Tim Burton.

Avec Mimiphisto, on pense découvrir un album d'Halloween et puis, à la lecture, on se rend compte que c'est bien plus que cela : une véritable tranche de vie ultra poétique !