Titre du Tome: Mister Mammoth
Mammoth est le plus grand détective de New York mais, à la manière de Sherlock Holmes, il trouve les criminels bien inférieurs à lui et la lassitude s’installe. Et ce n’est pas l’affaire de chantage que lui propose Bill Carona qui va arranger les choses...Mister Mammoth est un magnifique récit noir illustré avec beaucoup de sensibilité par Jean Denis Pendanx.
Lorsque William « Bill » Carona vient consulter le détective Mammoth, l'homme commence par la flatterie. Puis il dresse la liste des exploits du grand détective avant, enfin, de lui expliquer son affaire : il
est victime d'un maître chanteur. Sauf que l'homme d'affaires affirme être parfaitement "clean". Et d'ailleurs, il n'y a rien de particulier sur la photographie qui accompagne à la demande d’argent. Cet aspect illogique va pousser Mammoth à accepter d’enquêter. Aussitôt, il se rend chez la photographe qui le renseigne sur l'origine de la photo. Tout aussi rapidement, il remonte le fils du maître chanteur. Pourtant, le détective semble déchiré entre deux parties de sa personnalité. D'un côté, il y a cette intrigante bâtisse qu’il construit ; de l'autre, des fantômes qui le hantent. Des fantômes qui prennent vie parfois devant à la télévision ou sous la plume d’un mystérieux écrivain.
Pour la génération Y, le nom de Mammouth lié à la profession de détective renvoie immanquablement au géant au grand cœur qui accompagnait
Nicky Larson. Sur le plan physique, nous
tenons une des références de Matt Kindt. Mister Mammoth est le plus grand détective de New York ! Mais le scénariste ne donne pas qu'un physique hors du commun à son héros. On devine un personnage tourmenté qui cache, sous son visage tuméfié, une grande sensibilité et une part d'ombre importante. D'autant que l'album s'ouvre sur une scène mystérieuse : un appartement, une télévision renversée, des hommes blessés, une bagarre. La cause : le programme télé ! La suite est nettement plus classique. Un homme d'affaires vient demander au détective de l’aider dans une sombre affaire de maître chanteur. C'est qui pousse Mammoth à accepter, c'est le fait que le client n'a, à priori, rien à se reprocher. D'ailleurs, la photo que l'escroc a envoyée n’a rien de compromettant. S’ensuit une enquête assez classique : visite chez le photographe et remontée de la trace jusqu'au maître chanteur. Une enquête qui se révèle assez simple mais qui nous place magistralement le personnage. Pour être totalement sincère, on ignore absolument où la scénariste va nous emmener mais une chose est certaine, il nous a magistralement ferrés. On n’a aucune envie de lui faire faux bond ; on veut savoir ce qu'il va advenir de ce Mammoth si attachant. Ce sentiment est renforcée par le trait de Jean Denis Pendanx. Après nous avoir régalé par sa représentation des États-Unis de la fin des années trente avec
Fake news, il nous donne à voir le New York des années 70 avec le même style. Contraint d'adapter ses cases au gigantisme de son
personnage principal, il joue à merveille sur les proportions. Les personnages ont ce réalisme et cette sensibilité qui n'appartiennent qu'au dessinateur. Les décors sont aussi contraints de s'adapter et cela les rend encore plus spectaculaires ; l’artiste jouant sur les coupures et multipliant les cadres de vue. Ce choix relève autant du talent que de la mise en scène et tout se met au service de la psychologie du personnage. Et si vous ajoutez une colorisation qui nous immerge dans les 70’s , vous obtenez un petit bijou de récit noir qui ne demande qu'à être dévoré.
C'est donc un bel album policier que ce
Mister Mammoth, un album qui soulève plus de questions qu’il n'apporte de réponses mais un album qui emporte notre esprit. Espérons qu'il nous le rendre avant la sortie du prochain tome.