Nom de la série : Mon meilleur terrain
                                                                                    Scénario : Stéphane PIATZSZEK
                            Dessin : Emilie BEAUD                            
Couleur : Emilie BEAUD                                                        
                            
Maison d'édition : Grand Angle                            
                            
                            
                            En plein confinement, Simon, jeune homme excentrique, découvre un étonnant bike park abandonné. Aidé par un jeune policier, il a pour dessein de le réhabiliter mais c’est bien plus qu’un simple projet matériel, un retour à la vie. Magnifique tranche de vie signée Stéphane Piatzszek et Emilie Beaud.
                         
                     
                                    
                        
                Alors que les Français se calfeutrent chacun chez soi et que la France se confine, Simon décide de braver la loi. Accompagné des Georges, ses nombreux animaux de compagnie, il part se promener en forêt. Il faut dire qu’elle jouxte juste sa propriété et qu’il ne rencontre personne, si ce n’est des biches, après lesquelles les chiens partent ventre à terre. Mal leur en a pris car ils se retrouvent au fond d’un vaste et mystérieux trou. Après en être sortis au prix d’un impressionnant effort, Simon comprend qu’ils se trouvent au milieu d’une étrange construction qui ressemble à une piste de VTT. Enthousiasme, il décide de la réhabiliter. Seulement, son petit manège ne passe pas inaperçu et il doit ruser pour échapper à la vigilance des forces de l’ordre. Et puis, un jour, Simon ose affronter ses démons, il monte sur une selle et rapidement, il tombe lourdement. Il ne doit la vie qu’à l’arrivée d’un policier féru de VTT. Guillaume propose alors son aide à Simon qui semble comme hanté par une question. Qui est l’esprit génial qui a imaginé cet étonnant Bike Park ?
             
         
    
            
                        
                J’entends déjà certains médisants : « encore une histoire sur le confinement ! ». Certes l’époque a profondément marqué, pour ne pas dire bouleversé les esprits. Certes on a envie de voir autre chose. Mais de toute façon, cette histoire imaginée par Stéphane Piatzszek ne se sert de cette restriction de liberté que comme point de départ. C’est ainsi qu’on fait la rencontre de Simon et de ses Georges. Premier éclat de rire quand on comprend que tous ses animaux, treize en tout, se prénomment ainsi. Enfin presque, puisqu’il faut y ajouter l’ânesse à trois pattes, Armelle. Cet individu pour le moins excentrique refuse de se laisser enfermer et durant le premier tiers de l’album, il va jouer au chat et à la souris avec les policiers. Mais ce qui est réellement important, c’est ce qu’il va découvrir durant ses escapades forestières : un extraordinaire terrain de VTT abandonné ! Lui qui semblait ne plus avoir de but dans la vie va plonger tête la première dans le projet fou de le remettre en état. Pour le lecteur, c’est l’occasion de s’immerger dans sa vie, de discuter avec sa pétillante voisine mais aussi de découvrir ses cauchemars. Tout doucement, on en apprend davantage et on comprend que ce fou joyeux cache un côté sombre et que cette rénovation est une sorte de thérapie. Il va pouvoir compter sur Guillaume, jeune policier vttiste dans l’âme. Si ce premier contact est prometteur, c’est surtout la recherche du créateur originel qui va pousser Simon à retrouver goût à la vie. L’aventure prend alors un tour un peu plus policier mais ce sont bien les relations humaines qui sont au centre de cet album. Pour mettre en image cette histoire de rédemption, c’est une personne plus habituée aux couleurs qui œuvre.  Émilie Beaud nous montre une nouvelle facette de son talent. Une fois n’est pas coutume, commençons par son cœur de métier, la couleur. À contretemps de la morosité de 2020 mais bien en lien avec la météo de l’époque, ces planches sont ultra lumineuses. La forêt, en tant que personnage, est de toute beauté grâce à une palette de verts d’une immense richesse. Ce sont d’ailleurs les planches forestières qui frappent le plus. En variant la taille des cases et en jouant à merveille sur les superpositions, la dessinatrice nous montre toute la démesure du projet de Simon en même temps qu’elle insuffle un vent de liberté. Malgré une légère inégalité de traitement, les personnages sont très attachants. On note cependant une préférence pour les plans statiques mais cela ne n’a aucune influence. Surtout, la dessinatrice sait jouer sur divers tableaux, passant de l’humour à la tristesse en un claquement de doigts mais avec énormément de justesse.
             
         
    
            
                        
                Avec Mon meilleur terrain, c’est une véritable tranche de vie qui nous est racontée. Un récit plein d’optimisme, loin d’être béat, qui prouve que la vie mérite toujours d’être vécue à fond. Un album qui fait du bien et que je vous encourage à découvrir.