Nom de la série : Murena
Tome : 13
Titre du Tome: Les Neronia
Scénario : Jean Dufaux
Dessin : Jérémy
Couleur : Jérémy
Maison d'édition : Dargaud
Publié chez Dargaud, le tome 13 de Murena marque le retour d’une série historique qui, depuis plus de vingt ans, s’impose comme l’un des fresco-dramas les plus brillants de la bande dessinée franco-belge. Le tandem Jean Dufaux et jeremy , poursuit l’exploration de la Rome néronienne, un monde de passions, de complots et de démesure impériale. Avec ce nouvel opus, les auteurs reprennent le fil d’une destinée qui ne cesse de s’assombrir, à mesure que Néron s’enfonce dans sa folie.
Rome suffoque et Tandis que la ville se divise entre murmures, ambitions contrariées et violences contenues, Lucius Murena parvient enfin à s’évader. Une évasion aussi inattendue que dangereuse, rendue possible grâce à l’Hydre, l’une des favorites les plus influentes de l’empereur.
Libre, Murena pourrait s’éloigner, se faire oublier, laisser Rome s’effondrer sur elle-même. Mais il choisit une autre voie : il décide de retourner au cœur du danger pour tenter de sauver Lemuria, emprisonnée et vouée à un destin funeste. Ce choix, purement personnel et presque désespéré, le renvoie droit dans les griffes de la capitale, où chaque visage peut cacher un traître et chaque rue peut servir de tombe.
Dans une ville écrasée par les intrigues du palais et la préparation des jeux, Murena avance en clandestin, porté par son seul sens de la justice — ou peut-être par un attachement qu’il refuse encore de nommer.
Mais ce retour forcera-t-il le destin à s’ouvrir… ou précipitera-t-il la chute de ceux qui tentent encore de survivre à Rome ?
Jean Dufaux livre un récit tendu, presque étouffant, où la politique devient un champ de mines et où chaque personnage porte en lui une vérité trouble. L'intérêt de ce tome réside dans sa capacité à rester intime malgré l’ampleur historique : Murena n’est plus seulement un témoin, mais un homme qui agit, qui se trompe, qui prend des risques inutiles parce qu’il n’a plus rien à perdre.
Dufaux joue habilement sur les contrastes :
Néron, flamboyant d'ambiguïté, L’Hydre, dont la duplicité révèle toute la complexité des coulisses impériales,
Lemuria, figure fragile mais centrale, et Murena, dont la trajectoire retrouve une force émotionnelle oubliée depuis plusieurs albums.
La narration progresse avec précision, sans jamais s’égarer, et laisse planer un suspense constant : la ville semble prête à exploser, et personne ne sait encore qui survivra à la prochaine crise.
Coté graphique, Jeremy livre un travail remarquable, mêlant rigueur documentaire et sens aigu du drame. Les architectures romaines sont restituées avec une majesté quasi-cinématographique, tout en laissant suffisamment d’ombre pour rappeler que cette Rome-là n’est plus un empire triomphant, mais une fournaise politique.
Les visages nerveux, expressifs, fiévreux traduisent à eux seuls les tensions internes des personnages. Les couleurs chaudes et crues, accentuent la moiteur et la menace qui pèsent sur chaque page. Certains cadrages, presque théâtraux, donnent à l’ensemble une densité émotionnelle qui renforce encore la dramaturgie.
Ce treizième tome de Murena confirme que la série n’a rien perdu de sa puissance. À travers un récit qui mêle tension politique, pulsions humaines et tragédie intime, Dufaux et jeremy poursuivent une fresque qui ne cesse de gagner en profondeur.
Un album sombre, élégant, tendu, qui laisse présager une suite où Rome pourrait basculer pour de bon.