Nathanaëlle

Dans le futur, l’humanité est divisée en deux. Si une moitié se terre dans les entrailles de la planète, l’autre mène grand train à la surface. Cet état de fait pourrait bien ne pas perdurer puisqu’une jeune fille du nom de Nathanaëlle pourrait bien immiscer une révolte. Mais ça, elle l’ignore encore !
Charles Berberian s’associe avec Fred Beltran pour nous livrer cette histoire pleine de finesse magnifiquement mise en image. Peut être le meilleur album de SF de la rentrée !
 
Dans un futur pas si lointain, l'humanité est partagée à la suite d'une soi-disant apocalypse nucléaire.  À la surface se trouve l'élite : une aristocratie décadente et immortelle puisqu’elle a trouvé le moyen de se réincarner dans d'autres corps ou, à défaut dans des robots. Dans les entrailles de la terre se cache la majorité dupée par le subterfuge. Si les deux communautés s’ignorent magistralement, il y a ponctuellement quelques incursions chez l'un ou chez l'autre. C'est exactement ce qui se passe lorsque Nathanaëlle quitte son enfer souterrain pour se balader à l'air libre. Elle ignore qu’elle est immédiatement repérée et prise en chasse par la police qui n'a qu'un mot d'ordre : l'éradiquer ! Elle ignore aussi que dans le même temps, son père, son créateur plus précisément, le grand sage Tabor le sixième est auditionné par le conseil de surveillance afin d'autoriser une 7e réincarnation. Elle ignore surtout que les deux événements pourraient bien être liés…

Lorsque deux stars incontestées et incontestables de la bande dessinée décident, un beau matin de festival rock, de faire un album ensemble, cela sent le carton assuré ! C'est ainsi que Fred Beltran s’est retrouvé associé à Charles Berberian. On ne présente plus dessinateur au mille et une vies. Il nous livre ici un album aux traits tout en finesse et en délicatesse. Mais attention, son style rétro-futuriste nous renvoie à ses productions passées et à ses inspirations que ce soit Les Technopères ou Les Méta-Barons ou encore Le cinquième élément (avec le travail de Maizières) et même Matrix. N'ayons pas peur des mots, l'ensemble est absolument magnifique avec la dose parfaite de dynamisme, de sensualité et d'originalité de la mise en page. Le tout est réhaussé par une colorisation directe qui confère au dessin futuriste une touche rétro à tomber par terre !
Pour le scénario, Charles Berberian s'amuse du lecteur. Avant même de nous présenter le cadre spatio-temporel, il nous immerge au cœur de l'action. Immédiatement, il nous prend au piège de la lecture (même si cela était presque superflu). Le scénariste nous présente l'héroïne dans une mauvaise posture. Puis il remonte le temps afin de nous en expliquer les causes. Non content de cette idée, il brouille encore un peu plus les pistes en séparant son intrigue entre les deux personnages principaux et en les évoquant simultanément. C'est comme ça que le lecteur ne pourra mettre en forme toutes les pièces du puzzle qu’à l’extrême fin de l’album. Ici aussi, on voit bien quels sont les inspirations du scénariste, parmi les grands classiques de la science-fiction de Fahrenheit 451 à L'armée des douze singes en passant par les 3 règles fondamentales de la robotique d'Azimov. Il ne faudrait pas oublier non plus, les ponts entre cet univers et les travers de notre propre société. Le tout étant amené avec une telle finesse que l’on ne s’en rend presque pas compte. A noter enfin le très joli carnet graphique qui nous montre l'élaboration de l'album. Si cela est devenu courant, il fait toujours son petit effet!

Nathanaëlle est sans conteste une grande héroïne et c'est probablement le meilleur album de science-fiction cette rentrée ! Un grand merci à vous, messieurs les auteurs, pour ce petit bijou!