Nom de la série : Nephilims
Tome : 2
Titre du Tome: Hurlements
Scénario : David DUSA et Sylvain RUNBERG
Dessin : Stéphane CRETY
Couleur : Elvire De COCK
Maison d'édtion : Le Lombard
N’ayant plus de nouvelles de l’expédition de Taylor et Powell, Kennicott part à sa recherche. Il ignore que ses amis et leurs accompagnateurs se trouvent bloqués dans une situation inextricable, coincés entre unionistes et confédérés, tribus amérindiennes et « grands anciens ». Un album de transition au rythme ultra soutenu et toujours aussi magnifiquement illustré.
Les nouvelles ne sont pas bonnes au Smithsonian Institute. L’expédition de Taylor et Powell dans les monts Ozarks ne donne plus signe de vie. Qui plus est, la région est en guerre et les soldats unionistes ont d’autres sudistes à fouetter. Seul, Kennicott décide de se lancer dans une mission de sauvetage. Arrivé à Camden, le premier contact avec les locaux est houleux mais le scientifique réussit à réunir une équipe pour partir à la recherche de ses amis. Il ignore que ceux-ci sont coincés au beau milieu d’une sacrée poudrière. Il y a la guerre entre unionistes et confédérés, bien sûr, mais cette guerre a enrôlé les tribus amérindiennes rivales. Par-dessus le marché, les « grands anciens », que tout le monde pensait disparus, refont surface et ils entendent bien tirer parti du conflit. Il n’y a plus qu’un seul mot d’ordre : la violence !
Je ne sais pourquoi, à l’ouverture de cet album, j’étais persuadé d’avoir affaire à la conclusion d’un diptyque. Évidemment, ayant cela en tête, mon début de lecture a été quelque peu compliqué. Au bout d’un certain temps, force a été de constater que cette intrigue s’étalait sur trois albums et que celui-ci servait de transition ! Bien sûr, cela change beaucoup de choses : le rythme que je trouvais incohérent pour une conclusion avec de nombreuses digressions devient, comme par magie, beaucoup plus cohérent. David Dusa et Sylvain Runberg peuvent se permettre de nous perdre dans de nouvelles pistes, d’explorer de nouvelles hypothèses et même d’insérer de nouveaux personnages. En effet, cette transition ne répond à aucune question. Pire, elle complexifie celles qu’on se posait déjà et elle en rajoute de nouvelles ! Seulement, les scénaristes ne veulent pas d’un album au rythme de sénateurs et pour cela, ils nous confectionnent toute une série de rebondissements qui s’enchaînent presque aussi vite qu’un cheval au galop. A peine une situation est-elle réglée que les scénaristes embrayent avec d’autres personnages, dans un autre contexte et une autre situation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils jonglent avec tout ça à merveille. Le lecteur n’est jamais perdu et sait toujours qui est qui et quelle est la situation à l’instant T ? Bien sûr, les coups de théâtre sont nombreux et rebattent les cartes mais c’est ce qui rend la lecture plaisante. L’autre élément de plaisir vient du trait de Stéphane Créty. L’ardennais est extrêmement à l’aise avec ses paysages montagneux d’Amérique du Nord. Il y insère des personnages très réalistes, extrêmement charismatiques et expressifs. Mais le Touche-à-tout de génie est également très à l’aise lorsque les événements s’emballent : les bagarres, les guet-apens et autres fusillades sont extrêmement dynamiques. On sentirait presque l’odeur de la poudre ou le courant d’air causé par une flèche. A l’image d’un Steven Spielberg dans Les dents de la mer, les stars de ce triptyque sont aussi les grands absents, leur présentation étant retardée au maximum. Les nuhalos se dévoilent petit à petit (un comble pour des géants !) toujours extrêmement brièvement et en ne laissant que des cadavres et du sang derrière eux. Clairement, leurs apparitions sont dignes du cinéma. Le tout est magistralement mis en couleur par Elvire De Cock de façon originale, en mélangeant les teintes réalistes et celles fantastiques.
Si vous aimez les westerns originaux, les récits de guerre et le registre fantastique ; si vous aimez lorsque tout cela se mélange, vous allez forcément adorer ce Néphilims.