Titre du Tome: Njinga La lionne du Matamba 1/2

femme. Et certainement pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de Njinga, sa propre sœur. Si la jeune femme trouble le gouverneur par sa nudité, son intelligence impressionne le Père jésuite Carazza. D'autant qu’en fine stratège, l'ambassadrice se dit prête à se convertir à la foi chrétienne afin de s’allier au Portugal. Sûr de sa puissance, le gouverneur accepte mais uniquement si le roi du Ndongo se convertit également. De retour sur ses terres, Njinga va tout faire pour maintenir l'intégrité de son royaume. Et tant pis s’il faut faire couler le sang…
Njinga Mbandi de sortir de l'ombre. Pour raconter cette femme exceptionnelle, il fallait un scénariste de talent. Jean-Pierre Pécau était donc tout désigné. Le coscénariste de Jour J signe une intrigue où l’esclavage, le féminisme et la religion luttent à couteaux tirés. Pour ne rien gâcher, l'album est magistralement imprégné de l'exotisme de l'Angola du XVIIe siècle et, même si l'on peut regretter l'intégration hasardeuse des flash-backs qui perturbe un peu la compréhension, il ne manque pas de rythme. La belle Njinga doit protéger son peuple d’une double menace sans oublier sa propre vengeance. C'est donc une héroïne complexe qui a toute sa place dans cette collection. Cette place, elle l'arrache à la flopée de mâles qui l'entourent. Il y a les Portugais, colonisateurs et prétentieux, mais aussi les chefs rivaux et les sanguinaires Imbangala. Cette faune, magistralement omniprésente, vient bien évidemment renforcer le statut de Njinga. En 2014, l'UNESCO lui a même consacrée un album BD quelque peu oublié, certainement en raison de son style très pépere! Aujourd'hui, parité oblige, c'est une femme qui donne ces traits à la reine en la personne d'Aléssia de Vincenzi. La dessinatrice italienne est une habituée de la collection puisqu’elle a déjà illustré les deux tomes consacrés à Frédégonde, cette fois-là avec une autre femme, Virginie Grenier. Fidèle à ses habitudes, le trait réaliste sait se faire sensible voire sensuel mais surtout vif lors des
scènes de bataille. Et puisqu'il s'agit d'une sorte de guérilla, la violence est omniprésente ; même si quelques scènes sont un peu statiques. N’oublions pas la chaleur moite africaine joliment distillée grâce à la colorisation chaude de Nuria Sayago.Nom d'utilisateur : LABANDEDU9
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