Oradour Sur Glane

Alors que les habitants d’Oradour-sur-Glane n’avaient quasiment jamais vu d’allemands pendant l’occupation, le 10 juin 1944, ils sont pris pour cible par la « Division Das Reich ». Par un découpage en trois temps, le scénariste Philippe Tomblaine et trois dessinateurs reviennent sur ce triste évènement inscrit dans le devoir de mémoire.
 
 
Le 04 Juin 1944 à Oradour-sur-Glane dans la Haute-Vienne, malgré l’occupation qui apporte ses limites, les habitants vivent presque normalement, des rassemblements se tiennent sur la place, dans le café on refait le monde et on pense résistance, les familles se promènent au bord de l’eau, les jeunes s’amusent et les fermiers cultivent. Mais les allemands sont bien présents sur le territoire, ainsi le 08 juin 1944 à 250 kilomètres de là près de Montauban, un bataillon s’apprête à rejoindre la Normandie et en profiter pour éradiquer les maquisards sur son passage. Mais au lieu de cela, ce sont eux qui vont tomber dans un piège faisant 9 morts et de nombreux blessés. Le lendemain au siège de la gestapo, les allemands décident de mener une riposte pour montrer aux résistants qui sont les maîtres. Oradour-sur-Glane est alors montré du doigt sur une carte comme étant un village isolé et facilement encerclable. Le destin des habitants de ce village est alors scellé, l’horreur a commencé.
 

Il y a certains anniversaires dont on aimerait se passer. Mais le devoir de mémoire passe outre et à juste titre, les Editions Petit à Petit nous proposent de revenir sur le triste évènement qui s’est déroulé à Oradour-sur-Glane le 10 Juin 1944. Pour relater ces évènements, le scénariste et aussi historien Philippe Tomblaine nous propose un découpage en trois phases, illustré par trois dessinateurs différents et entrecoupé de documents, photos, texte hautement pédagogique qui fait également la marque de fabrique des éditions Petit à Petit.
 

La première phase est illustrée par la dessinatrice italienne Maria Riccio dont le dessin très hachuré va marquer l’ambiance et la montée en tension qui se lit sur les visages des personnages. Cette première phase ira de la prise de décision de prendre Oradour-sur-Glane pour cible jusqu’à la prise du village avec des scènes marquantes comme la séparation des hommes et des femmes, l’incompréhension. Le scénariste a bien réussi à faire passer ce message à travers les dialogues et surtout la scène finale de cette partie où des hommes se trouvent regroupés dans une grange en face de mitraillettes allemandes.
La seconde partie redémarre par cette vision d’horreur de mitraillettes pointées sur les visages terrifiés. Ces premières cases illustrées par Emmanuel Cerisier ne sont que le début de l’inimaginable, du massacre réalisé sur des innocents, des enfants, des personnes en fauteuil roulant, des femmes. Pour éviter le voyeurisme et les atrocités, le scénariste Philippe Tomblaine a pris le parti d’utiliser des témoignages de survivants pour raconter cette journée. La dernière partie est consacrée aux souvenirs, aux traumatismes, aux décisions politiques. Cette partie est illustrée par Arnaud Jouffroy dont le dessin est beaucoup plus doux, plus rond ce qui permet d’adoucir la fin de la lecture.
Un ouvrage accessible à la lecture et qui peut finir entre de jeunes mains de manière à maintenir le devoir de mémoire.