Nom de la série : Paris Damas Liaisons mortelles
Scénario : Jean-Claude Bartoll
Dessin : Nicolas Otéro
Couleur : 1ver2anes
Maison d'édition : Delcourt Encrages
Le grand reporter Jean-Claude BARTOLL revient sur les relations diplomatiques régulièrement houleuses entre la France et la Syrie avec la famille ASSAD dans un roman graphique très documenté mais exigeant.
Les liens entre la France et la Syrie remontent à la présence mandataire française sur ce territoire entre 1920 et 1946 suite au démembrement de l’Empire ottoman au lendemain de la Première Guerre mondiale. À l’indépendance du pays en 1946, le parti politique Baas, parti nationaliste, panarabe, socialiste et laïc est créé. Et bien qu’âgé de 16 ans, Hafez EL ASSAD (« Le lion » en arabe) y adhère. De plus, cet Alaouite, minorité religieuse proche du chiisme, s’inscrit à l’académie militaire syrienne afin d’y poursuivre des études universitaires gratuites. Il va ensuite mener une brillante carrière militaire, tremplin indispensable selon lui pour une carrière politique. Après s’être emparé de la tête du parti baasiste, « le lion » hérite en 1970 d’un régime dictatorial qu’il va davantage renforcer que réformer. Il rêve alors de « la Grande Syrie » dans laquelle il souhaite inclure le Liban, création française jamais admise par les Syriens. L’existence de cet État va se révéler être une véritable pomme de discorde dans les relations franco-syriennes avec Hafez EL ASSAD mais également, par la suite, avec son fils Bachar. En effet, La Syrie a toujours voulu avoir un droit de regard sur le Liban et pour le rappeler à la France, elle commandite attentats et enlèvements de ressortissants français.
Ce roman graphique est le fruit d’un travail très documenté nécessitant de nombreux prérequis pour appréhender justement cette histoire complexe et tumultueuse. On peut ainsi regretter un manque de vulgarisation qui aurait pu permettre de toucher un lectorat plus conséquent avec davantage de fluidité dans le récit, mal atteinte même avec un découpage de l’ouvrage en vingt chapitres. Il n’en demeure pas moins que la « diplomatie terroriste » entre la France et la Syrie est minutieusement traitée comme la mort du premier ministre libanais et ami de Jacques CHIRAC, Rafic HARRIRI, lors d’un attentat-suicide spectaculaire en 2005. Par ailleurs, le dessin réaliste et parfois presque photographique de Nicolas OTÉRO sert uniquement à illustrer le propos contribuant alors à un manque de dynamisme dans les planches.
En somme, cet ouvrage est très intéressant, mais sera plutôt réservé à un public averti.