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Pineda Pineda
Mylaine Mylaine

Quand la nuit tombe - Tome 2

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Nom de la série : Quand la nuit tombe
Tome : 2
Titre du Tome: Mylaine
Scénario : Marion ACHARD
Dessin : Toni GALMES
Couleur : Toni GALMES
Maison d'édtion : Delcourt

Le refuge que la famille Veil a trouvé en Isère s’est relevé être un traquenard. Si Lisou a réussit à échapper à une rafle, Mylaine a été arrêtée. La jeune étudiante va connaitre la violence des interrogatoires, la déportation dans des conditions inhumaines, la vies atroces dans les camps, la violence, les coups… Marion Achard nous livre le témoignage bouleversant de sa tante Mylaine dans cet ouvrage mémoriel.
Paris, janvier 2022. Pour la réalisation de sa future bande dessinée, Marion a réussi à convaincre sa tante Mylaine de lui raconter sa vie. C’est ainsi que la vieille dame résume succinctement le début de la 2nde Guerre mondiale. Son père, industriel juif de Lorraine, a été dépossédé de son entreprise et toute la famille a fui en zone libre. Plus exactement en zone occupée par les Italiens, moins fanatisés par l’antisémitisme hitlérien. Les transalpins ayant capitulé, la région de Grenoble est tombée entre les mains des nazis en septembre 1943 et Mylaine a été arrêtée, non sans avoir réussi à protéger sa petite sœur Lisou. Débute alors un interminable voyage pour la jeune étudiante. Cela commence par un interrogatoire d’une violence inouïe. Ignorant le lieu où se cache sa famille, Mylaine ne flanche pas. Elle est donc conduite à Drancy. Puis ce sera Auschwitz, avant Bergen-Belsen, Raguhn enfin Theresienstadt en Tchécoslovaquie. À chaque étape, Mylaine va plonger toujours un peu plus profondément dans la violence et la barbarie. Elle va connaître les humiliations et la déshumanisation. Elle va apprendre la faim et l’épuisement. A plusieurs reprises, la Mort la frôlera. Mais elle pourra toujours compter sur l’humanité des femmes qui, dans la même misère, vont se serrer les coudes. Des femmes qui prouvent que dans les pires situations, l’amitié est le plus pur sentiment humain.
Fin janvier, le monde commémorait le 80e anniversaire de la libération des camps d’Auschwitz. Bien sûr, cela fait le buzz dans les médias. Et puis quelques semaines plus tard, le tumulte médiatique est retombé, laissant les rares survivants à leurs souvenirs et les maitres à leurs cours. Je trouve cela regrettable car, face à la barbarie et à l’inhumanité de la Shoah et de la déportation, le devoir de mémoire devait être plus régulier. Crée par Marion Achard, la scénariste, le diptyque Quant nuit tombe répond à ce souhait. La scénariste raconte l’histoire de ses deux tantes durant la 2nde Guerre mondiale. Le premier volet était consacré à Lisou, la benjamine qui, grâce au sang-froid de sa sœur, avait réussi à échapper à une rafle. Pour ce second épisode, c’est naturellement Mylaine qui raconte ce qu’elle a vécu lorsque les SS sont revenus. La vieille dame qu’elle est devenue raconte ses souvenirs dans l’ordre chronologique. Et cela commence par des interrogatoires violents et interminables puis la déportation et enfin les camps. Si on perd l’esprit enfantin de Lisou, on conserve une bonne dose d’humilité. Mylaine ne cache rien de la violence, mais son corps et son esprit se sont parfois mis en pause et ont forcé l’oubli. Il n’empêche, le récit est tout simplement poignant. Comme d’autres artistes, Marion Achard et Tony Galmès refusent de faire dans le voyeurisme. C’est Mylaine qui raconte et les actions sont presque toujours centrées sur elle. Impossible malgré tout de cacher la violence, les coups et la peur mais ils sont davantage suggérés que réellement montrés. Ce qui rend ce récit encore plus bouleversant, ce sont les rencontres que Mylaine va faire. Pêle-mêle, il y a Simone, Hélène, Mala la belge ou encore Jacky. Certaines sont revenues, d’autres non. Mais toutes ont aidé Mylaine à ne jamais perdre espoir, à toujours croire. N’oublions pas non plus le choix particulièrement osé du dessinateur. Toni Galmès opte pour un style simple, presque enfantin qui rend les émotions des personnages  instantanées. Cela est facilité par l’absence de décor. Lorsqu’ils sont présents, ils démontrent la profonde détresse des déportées. Le travail de colorisation apporte le réalisme indispensable à ce genre de récit.
Une famille, deux sœurs, deux parcours durant la deuxième Guerre mondiale mais une mémoire collective qu’il faut à tout prix préserver. Quand la nuit tombe est d’ores et déjà une œuvre mémorielle.

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

Nombre de chroniques publiées : 79