Nom de la série : Revoir Comanche
Scénario : Romain Renard
Dessin : Romain Renard
Couleur : Romain Renard
Maison d'édtion : Le Lombard
Bien des années plus tard, le monde a changé pour Red Dust et il se serait bien passé de le découvrir si la jeune Vivienne n’était pas venue le déloger de sa maison tapie au fond des bois. Un petit chef d’œuvre aussi bien au niveau du scénario et du dessin que de la musique, orchestré par Romain Renard qui offre au lecteur une nouvelle aventure mouvementée avec une fin épique au personnage imaginé par Herman et Greg.
Au fin fond de la Californie, Vivienne Bosch sillonne les routes pour finir par s’arrêter dans une station-service. Même si les autochtones n’ont pas l’habitude de rencontrer des étrangers, Vivienne se sent en sécurité et demande au pompiste où elle pourrait trouver un certain Cole Hupp. Le pompiste la renseigne gentiment et lui indique une maison coincée dans les bois, occupée par un ours mal léché. En effet l’accueil est plutôt glacial même si Vivienne explique qu’elle est historienne et qu’elle roule depuis 3 jours, enceinte, pour retrouver l’homme qu’elle a en face de lui sous prétexte de réaliser une collecte de témoignages sur les personnes encore vivantes ayant connu le Wild West. Mais ce dernier reste de marbre même quand elle lui tend une photo de l’époque du ranch triple 6 représentant Red Dust et Comanche. L’homme nie être présent sur cette photo et laisse repartir la jeune femme. Une fois partie, il ne fait aucun doute que Cole Hupp est en réalité Red Dust. Cette visite le perturbe au point de le replonger dans ses souvenirs et de décider dès le lendemain de descendre en ville pour tenter de joindre par téléphone le ranch de Comanche. Sans réponse, il se décide à prendre un billet de train pour le Wyoming mais étant recherché dans 4 états alentours, Red Dust se résigne à accepter la proposition de Vivienne, à savoir faire le chemin avec elle et répondre à ses questions.
A ce moment, le lecteur se retrouve dans la même situation que Vivienne, et sûrement encore plus surpris de voir devant lui un personnage vieilli qui serait Red Dust. Magie du 9ème art, après tant d’années, on entend de nouveau résonner les noms de Comanche, Red Dust, Triple 6 dans les couloirs des librairies. Mais oh surprise, ce n’est pas sous le trait de Hermann que le sujet réapparaît mais sous la plume de Romain Renard, l’auteur de Melvile.
La question suivante après l’euphorie est de savoir si nous avons affaire à une suite, une reprise. Eh bien, pas du tout, et c’est encore mieux. Romain Renard a eu un coup de génie, et de mémoire à part Blake et Mortimer dans « l’aventure immobile », je n’arrive pas à trouver une histoire qui utiliserait des personnages légendaires et ayant marqué les esprits, qui seraient de nouveau mis en scène mais des années après leurs aventures, les personnages se retrouvant ainsi vieillissants et dans un autre contexte. Donc Romain Renard ne se lance pas dans la suite des aventures de Comanche mais bel et bien dans un récit unique en son genre avec comme personnage principal Red Dust. Un personnage encore marqué par son passé et qui vit au quotidien avec ses spectres et le fantôme de Dobbs qui lui perturbe la pensée. Et au fil des pages et des kilomètres dans cette voiture qui a remplacé les chevaux, Red Dust se rend compte que le monde a changé, que le Far West tel qu’il l’a connu n’est plus qu’un sujet que l’on raconte au cinéma ou dans des comics. Au-delà de cela, l’auteur ne cherche pas à répondre à des questions où à combler le passé, il offre une double lecture avec d’un côté un homme et son passé et de l’autre le présent, où il fait vivre une aventure à son personnage avec une mise en scène de génie et avec une fin inimaginable.
En d’autres termes, le scénario est prenant, l’action et l’excitation sont au rendez-vous et le lecteur ne voit pas le temps passer pendant 150 pages jusqu’à ce qu’il soit affiché « The End » sur le papier glacé. Côté dessin, le style de Romain Renard est toujours perturbant, un dessin somme toute proche de la photo, de la peinture pour tout ce qui est arrière plans, mais qui fait partie du génie de Romain Renard à savoir être différent. Comme cette bande son réalisée pour l’occasion et qu’il est indispensable d’écouter pour se plonger encore plus dans le contexte de « Revoir Comanche ».