Révolutions 18 Brumaire

20 juillet 1799, le Directoire, système à bout de souffle, démet Talleyrand pour le remplacer par Fouché. Tous n'attendent qu'une chose : la chute de ce système corrompu jusqu'à l'os. Pour le remplacer, plusieurs noms circulent : le duc d'Orléans, les généraux Joubert ou Bonaparte. Dans ce contexte, les complots sont presque aussi nombreux que les ennemis aux frontières. Loin de ces considérations, le jeune Jean-Marie Fantôme rentre à la ferme familiale après 5 ans dans les armées de la République. Sur le chemin, il tombe dans un traquenard mené par l'héritière défroqué du vicomte de Treuil : Fanchette. Sans titre, sans argent, elle rançonne les convois. La situation n'est pas meilleure chez Fantôme : les représentants du Directoire s'enrichissent sur le dos des pauvres paysans contraignant son père au suicide. Au même moment, Fanchette de Treuil voit réapparaître son frère, Amaury  qui l’embarque dans un nouveau complot. La cible : Napoléon Bonaparte. Heureusement le général peut compter sur le soutien de Fantôme qui n'a plus rien à perdre. Mais tous ne sont-ils pas des marionnettes entre les mains des puissants ?

Il est des jours où l'Histoire a basculé plus violemment que d'autres. 10 ans après la prise de la Bastille, la République française est de plus en plus affaiblie, tant à l'intérieur qu’a ses frontières. Oui, il y a l'Histoire et les petites histoires. Celle de Jean-Marie Fantôme et de la vicomtesse de Treuil en font partie. Seulement parfois les histoires rejoignent l'Histoire. C'est ce que nous propose Jean-Pierre Pécau à travers cet album. Le scénariste, spécialiste de l'histoire et de l’uchronie (on lui doit notamment Jour J avec Fred Duval) réalise un scénario fort bien léché. Par l'imbroglio des intrigues, il installe un climat de complot perpétuel. À travers la vie des trois personnages, il décrit à merveille ce qu'était la France de la fin du Directoire et explique les motivations que chacun avait de jouer la carte Bonaparte. Surtout, le scénariste d'Empire signe une histoire pleine de rythme où les scènes de batailles s’enchainent avec les discussions dans les salons feutrés. C’est Antonio Marinetti qui est chargé de mettre en image cette histoire. Le dessinateur italien du troisième opus des Carnets secrets du Vatican livre une copie des plus raffinées. Le trait est élégant et précis et s'il manque un peu de dynamisme, le dessinateur compense par une maîtrise et un réalisme poussé des décors. L'ensemble est parfaitement mise en couleur par Facio qui réussit à rendre l'atmosphère d'une époque fort tourmentée.

Le 18 brumaire est le premier épisode de Révolutions, quand l'Histoire de France a basculé. Fort d’un scénario bien documenté et bien construit ainsi que d'un dessin très élégant, l'album lance de belle façon cette nouvelle série historique chez Soleil.