Un épilogue à couper le souffle pour cette série aussi réaliste que magistralement bien menée par Louise Garcia et Corentin Rouge.
Maintenant qu'il règne sans partage sur la favela Beija Flor, Rubeus White est devenu l'homme à abattre. Dans une interview télévisée, il affirme avoir rétabli l'ordre dans la favela et ses voisines en chassant la police militaire, selon lui totalement pourrie. Sûr de sa force, il n'hésite pas à narguer les autorités. Surtout, il profite de la télévision pour régler ses comptes avec son vieil ennemi, le capitaine Jonas Moura, pourtant blanchi par un tribunal quelques jours auparavant. Furieux, le président et le
gouverneur décident d'une action militaire et spectaculaire pour se réapproprier le territoire. D'un point de vue plus personnel, Rubeus est déchiré entre Luana, qui lui apprend qu'il est le père de l'enfant qu'elle porte et Capitu, elle aussi enceinte. Alors que l'attaque est imminente, Rubeus fait un rêve qui risque fort de changer le cours des choses...
Si aujourd'hui, les informations qui nous viennent du Brésil évoquent le G20 ou le refus de libérer l'ancien président Lula; pendant longtemps, il a été question de trafic de drogue, de violence et du règne des gangs dans les quartiers de bidonvilles, les fameuses favelas. En effet, loin du glamour du carnaval de Rio et des plage de Copacabana, plusieurs millions de Brésiliens vivent dans ces maisons de misère sur les hauteurs de la capitale économique brésilienne. Pour nous occidentaux, il est difficile de
comprendre ce fonctionnement si particulier. Louise Garcia et Corentin Rouge ont donc choisi de mixer les deux mondes. C'est ainsi qu'on a fait la rencontre de Nina et Rubeus. Orphelins par la grâce de policiers ripoux, à moins que cela ne soit l’œuvre le Satan. Adoptés par les White, une famille diplomate américaine, Rubeus va profiter de cette double culture pour se venger. Dans cet ultime album, l'heure des comptes a sonner. Rubeus est le nouveau maître des favelas mais pour le gouvernement brésilien, il est hors de question d'accepter cette sécession. C'est là qu'on retrouve une vieille connaissance : le capitaine Jonas Moura. Entre les deux hommes, la haine est à son paroxysme. Cet album met une nouvelle fois l'accent sur l'ultra violence de la société brésilienne. Seulement, cette fois-ci, elle est très clairement affichée : l'armée la police font cause commune pour faire chuter Rubeus et tant pis pour les dommages collatéraux et les critiques internationales. Pour Rubeus, l'heure de la maturité est arrivée. Il risque de comprendre qu'il a longtemps été le jouet de forces qui le dépassent
. C'est donc un final plein d'actions et de révélations que cet épilogue. Instigateur de la série, Corentin Rouge conserve le style qui en a fait la réussite. Traits nerveux, réalisme affirmé et cadrage d’une précision de chirurgicale sont quelques-uns des atouts de cette série. Il ne faut pas oublier la colorisation. Là aussi, les choix sont exceptionnels puisque le soleil brésilien ne réussit pas à réchauffer l'atmosphère austère des favelas.
Avec ce
Chacun pour soi se clôt une série décrivant la société brésilienne à la perfection, une série de référence, une série de découvrir ; si ce n'est pas déjà fait.