Nom de la série : Robespierre, le sphinx mélancolique
Scénario : Makyo
Dessin : Simone Gabrielli
Couleur : Alessandro Polelli
Maison d'édtion : Delcourt
MAKYO nous livre dans ce roman graphique, premier opus des « Légendes noires de l’Histoire », un portrait original car intimiste de ROBESPIERRE.
Quelques mois après la prise de la Bastille, Maximilien de ROBESPIERRE se confie à Éléonore DUPLAY, la fille de son logeur à Paris. La légende veut qu’elle ait été sa fiancée durant son séjour dans sa famille entre 1791 et 1794. Et c’est par des analepses que le lecteur découvre son enfance à ARRAS, marquée par le décès de sa mère alors qu’il n’avait que six ans, ou sa scolarité brillante dans le collège de la ville. Alors que son nom circule dans le Paris révolutionnaire en tant que député au sein de l’assemblée nationale constituante, on retrouve celui que l’on nomme déjà « l’incorruptible » au club des Jacobins où il défend l’abrogation de la peine de mort. Cependant, il sera favorable à l’exécution du roi deux ans plus tard. Puis, son élection au sein du comité de salut public va révéler d’autres contradictions chez un homme tourmenté et affaibli par la maladie.
Le tour de force de MAKYO est de nous présenter ROBESPIERRE non pas comme un personnage tyrannique et sanguinaire mais comme un défenseur de la justice sociale, héritier des philosophes des Lumières notamment ROUSSEAU qui l’inspire fondamentalement. La place est alors faite à de nombreux moments d’introspection qui permettent de mieux cerner l’homme qu’il était avec ses contradictions comme sur la peine de mort, et ses doutes durant une période politique mouvementée. Les grands moments historiques classiques qui jalonnent la Révolution ne sont alors qu’effleurés. L’évocation de la Terreur ne se limite ainsi qu’à une seule planche où l’on voit DANTON et DESMOULINS conduits à l’échafaud. Par contre, la fête de l’Être suprême, le 8 juin 1794, traduisant la volonté de « l’incorruptible » de forger une religion d’État, est particulièrement détaillée tout comme sa chute avec son arrestation le 9 juillet 1794. Par ailleurs, le trait précis de Simone GABRIELLI porte un brillant dessin réaliste prompt à faire vivre les personnages et à présenter avec force de détails l’architecture et les tenues vestimentaires de cette fin du XVIIIème siècle.
Cet ouvrage est l’occasion de découvrir autrement que dans une biographie classique un personnage historique controversé dans toute son humanité.