Nom de la série : SECTOR 5
Scénario : Christophe BEC
Dessin : Christian Pacurariu
Couleur : Alex Guimaraes
Maison d'édtion : SOLEIL
La mafia, la prostitution, le jeu, le sexe, la corruption font partie du quotidien du secteur 5. Mais quand un tueur en série commence à sévir, l’inspecteur Ferentari prend le relais et Christophe Bec l’opportunité de présenter Bucarest sous un autre jour.
En Californie à San Diego, un homme en fauteuil roulant est assis nu devant un écran. Des électrodes sont branchées sur toutes les parties sensibles de son corps, langue, oreilles, tétons, allant jusqu’à sa verge. Il semble prendre un certain plaisir jusqu’à ce qu’une ombre, un homme dont le visage est caché par sa capuche, pénètre dans la pièce et se dirige vers la machine qui génère les impulsions. Incapable de bouger, l’homme en fauteuil ne peut que subir le scénario qui va suivre. L’homme cagoulé augmente considérablement les intensités électriques allant jusqu’à le griller. A des milliers de kilomètres de là, à Bucarest en Roumanie, l’inspecteur Marian Ferentari est appelé dans le secteur 5 sur une scène de crime au domicile d’un avocat où ce dernier vient de se faire assassiner par un homme devant ses enfants. L’horreur ne s’arrête pas là, l’assassin lui a sorti les yeux des orbites. L’équipe de police et Ferentari cherchent des indices et vont être amenés à découvrir au sous-sol un studio de cinéma et du matériel informatique. Rien de particulier si ce n’est que l’avocat aimait filmer des femmes de tous âges, nues, dans des positions pornographiques. Il reste maintenant à déterminer s’il y a un lien entre ce meurtre et la passion de l’avocat.
Pour ce thriller, violent et angoissant, le secteur 5 à Bucarest en Roumanie n’a pas été choisi par hasard par Christophe Bec, le scénariste de l’histoire. En effet, l’auteur a été pour raison personnelle amené à faire plusieurs séjours dans cette ville et plus précisément dans le secteur 5. Avec cette information, l’album prend alors un tout autre sens. Il permet à la fois de découvrir un pays, la chaleur de ses habitants mais aussi la vie sociale partagée entre les riches d’un côté et les pauvres de l’autre, ayant pour point commun la corruption, le jeu, l’industrie du sexe.
Christophe Bec va alors entraîner les lecteurs dans les bas-fonds de la capitale roumaine à la poursuite d’un tueur en série d’une violence inouïe. Très rapidement, l’auteur va dévoiler le responsable de tous ces massacres mais le lecteur va être tenu en haleine pendant tout l’album pour savoir comment et quand ce psychopathe va être stoppé et aussi découvrir tout son mode opératoire et ses mobiles. Il ne faut pas se le cacher, l’album, l’histoire, n’est pas à mettre entre toutes les mains, c’est violence, barbarie, sexe omniprésents mais justifiés par rapport à la situation des victimes où le marché des camgirls est en pleine expansion et représente une solution d’évolution pour une partie de la population.
Dans la continuité de la logique, le dessin a été confié au dessinateur roumain Christian Pacurariu, qui avait déjà œuvré avec Christophe Bec sur Winter station dans la collection Flesh & bones. Son dessin est parfaitement adapté, il est sombre et hachuré. On est loin de la carte postale idéale pour vanter les rues pittoresques de la capitale. Au contraire, l’auteur qui vit sur place dépeint en lien avec l’histoire, une vision plutôt délabrée. L’auteur possède la particularité de proposer beaucoup de cases sur chaque planche et ceci parfois en petit format sans pour autant nuire à la lecture. Les couleurs d’Alex Guimaraes jouent également leur rôle complémentaire au dessin de Pacurariu.
Très bon album à la fois graphiquement et au niveau du scénario, il y a une ambiance, un lieu, du suspense, de la violence, de l’intrigue et des personnages ayant une forte personnalité comme l’inspecteur Ferentari, la camgirl Amalya ou encore Peyo. C’est immoral mais malheureusement représentatif des faits de notre société. Sûrement l’un des meilleurs thrillers lus ces dernières années.