Deux inconnus se rencontrent lors d’une cérémonie de mariage qui ne les concerne pas. Deux inconnus qui, malgré leurs différences, ont beaucoup de points communs et qui vont ensemble trouver le chemin.Alfred signe un feel good album avec toujours beaucoup de finesse, de tendresse et toute la sensualité du sud de l’Italie.
En pleine canicule, les chemins de fer italiens sont paralysés par un mouvement de grève. Parmi les passagers bloqués,
Germano qui se rend dans le sud pour le vernissage de l'exposition de sa fille qu'il a perdu de vue depuis son divorce. Et puisque le train à 6h de retard, plus personne ne l'attend à la gare. Germano est donc contraint de se rendre à son hôtel à pied, en plein soleil. Et puisque le train avait 6h de retard, il n'a pu confirmer sa chambre qui vient d'être relouée. Et puisque l'hôtel organise un mariage, Germano va devoir dormir dans le hall. Alors qu'il réussit enfin à avoir sa fille au téléphone, elle lui apprend qu'il s'est trompé de date : il a une semaine de retard ! C'est alors qu'il est interpellé par Elena sur la robe de qui il est en train de s'essuyer les pieds. Entre ces deux-là, le courant semble immédiat. Il faut dire que la vie n'a pas été tendre ni avec l’un, ni avec l'autre. Et puis, tout doucement, ils vont se laisser guider par leurs désirs mutuels de donner, avec quelques années de retard, un sens à leur vie.
Germano est ce qu'il est convenu d'appeler un looser. Dans sa vie, rien ne lui aura été épargné. Divorcé, il a perdu de vue sa fille. Alors que celle-ci inaugure une exposition, Germano (qui
pense n'avoir que 6 heures de retard à cause des chemins de fer italiens) arrive avec une semaine de retard. Coincé dans le hall d'un l'hôtel, il apprend qu'il appartient à un ancien équipier de foot qui passe son temps à lui rappeler son surnom « merde au cul » et son échec professionnel. Il n'y a pas à dire, Germano passe un excellent moment jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre d’Eléna, en s’essuyant les pieds sur sa robe. Même si elle est assez mystérieuse, on devine que sa vie à elle n'a pas été simple non plus. Entre ces deux naufragés de la vie, un lien va donc se tisser et, le temps d'une soirée dans le parc d'un hôtel hors d'âge, ils vont redonner un sens à leur vie. C'est donc un feel good album que nous propose Alfred. Qu'on ait 30,40 ou 50 ans, il est facile de s'identifier à nos deux héros et de vouloir faire le point sur sa vie. Il est aisé aussi de chercher un sens à son existence et, parfois, pour y arriver on a besoin de l’aide de quelqu'un dans la même situation. Avec beaucoup de tendresse et de finesse, l'artiste fait se télescoper ces deux naufragés la vie qui, ensemble, vont faire un bout de chemin. C’est extrêmement bien fait puisque le rire de la situation de Germano permet de dédramatiser la situation et le décor, magnifique, de cet immense parc italien vient fixer un cadre propice à la réflexion. Et puis Alfred sait
également comment mettre en images son histoire. Avec un style qui n'appartient qu'à lui et qui n’est pas sans faire penser à un certain Mr Hulot, il s'amuse à perdre ses personnages dans ses décors mais toujours avec une bonne dose d'élégance. Celle-là même que la colorisation, à base de grand aplat renforce avec beaucoup de simplicité.
Il est souvent facile, avec ce genre d'album, de tomber dans le sentimentalisme de comptoir. Qu'on se rassure, Alfred préfère jouer avec ce piège plutôt que de tomber dedans pour nous livrer un magnifique album.