Titre du Tome: Servitude T06
Magnifique conclusion pour la meilleure série d'heroic-fantasy de ces vingt dernières années (au minimum). A lire absolument.
Le destin de quatre peuples va se jouer entre les murs de la forteresse de
Shalin, isolée au milieu du désert. Les Fils de la Terre, descendants des Géants, les Drekkars fils des Dragons, les Iccrins au service des Anges et le peuple libre des Riddraks ont tous des représentants pris dans cette bataille où l’enjeu dépasse le sort de la couronne d’Afénor ou le châtiment de traîtres. C’est sa liberté face aux puissances qui manipulent sa destiné que l’humanité va chercher à conquérir dans ce trou perdu. Et le prix risque d’être élevé…
Avant de parler de l’album en lui-même, ce dernier tome permet de porter un regard rétrospectif sur l’ensemble de la série. Et le moindre que l’on puisse dire, c’est qu’on a affaire à quelque chose d’exceptionnel tant au niveau du dessin, que du scénario. Pour voir une série d'heroic-fantasy d’une telle qualité d’ensemble il faut sans doute remonter à la
Quête de l’Oiseau du Temps ou à
Lanfeust de Troy (la série d’origine). Pourtant, j’ai l’impression que
Servitude n’a pas le retentissement qu’elle mérite et c’est bien dommage.
Le monde créé par les auteurs est d’une richesse et d’une profondeur impressionnante, où se mêlent des cultures très différentes (inspirées du Moyen-âge occidentale, des civilisations sino-japonaises ou encore des tribus africaines) dans un tout cohérent. Le scénario est assez habile pour nous donner un bon aperçu de chaque culture en évitant de se disperser ou de tomber dans des digressions bavardes. On aimerait en savoir plus sur chaque peuple mais évidemment la place est limitée dans des albums de BD. Toujours est-il que la richesse est telle que le potentiel pour raconter d’autres histoires est illimité, bien que les auteurs ne laissent (malheureusement) pas présager d’une suite, préquel ou spin-off.
Il saute aux yeux dès la première case qu’Éric Bourgier, le dessinateur, a un talent exceptionnel. Il existe d’autres dessinateurs avec une telle finesse dans le trait, un tel sens du détail et une telle élégance, mais ils ne sont pas nombreux. Le réalisme, l’expression des personnages, les jeux de lumière : tout y est époustouflant.
On a parfois des séries graphiquement superbes mais où le scénario laisse à désirer, ou des bonnes histoires avec un dessin tout juste correct, mais trouver une série qui allie les deux au milieu d’une production de BD toujours plus pléthorique (parfois au détriment de la qualité) est… réjouissant.
Je ne m’étendrai guère que le contenu de ce sixième album de peur de vous gâcher le plaisir de la découverte. Il suffira de dire que je l’ai trouvé à la hauteur, riche en action et en émotion, avec une conclusion satisfaisante. Certes, on n’est pas dans le
Seigneur des Anneaux avec ses épilogues à répétition qui vous expliquent dans le moindre détail le destin de chaque protagoniste, et certaines questions peuvent rester sans réponse quand on referme l’album mais ce n’est pas grave. Peu importe les détails, les conséquences immédiates, cela ne change pas grand-chose à la force du récit, on comprend l’essentiel et cela en fait à mes yeux une grande réussite.