Nom de la série : Silence sur le quai
Scénario : Alain BUJAK
Dessin : Elliot ROYER
Maison d'édtion : Futuropolis
L’évolution du rail a été phénoménale sur les 50 dernières années. A l’image de notre société, le rail est maintenant un outil économique, qui s’est passé pendant longtemps des soucis écologiques et qui a presque oublié sa fonction première à savoir permettre à la population de se rendre d’un point A à un point B.
C’est un souvenir d’enfance, ces rails à perte de vue, ces trains verts qui marquaient le début des vacances d’été. Ces wagons qui possédaient encore des compartiments de 6 personnes où l’on prenait le temps de regarder les paysages par la fenêtre ou à défaut les photos en noir et blanc accrochées aux murs. Puis vint ce contrôleur pour poinçonner les tickets. Le temps passe, les wagons verts ont fait place à des trains Corail dans les années 70, beaucoup plus pratiques pour la SNCF. A cette époque, elle avait encore un concurrent avec les essais de l’aérotrain des ateliers Bertin, objets alors futuristes à grande vitesse, mais l’arrivée du TGV par la SNCF a rapidement mis fin au débat. C’est la fin des ateliers Bertin et de son ingénieur. Cependant, la lutte à la modernisation a laissé outre des souvenirs, une ligne encore originale à savoir la ligne Béziers-Neussargues que cet ouvrage propose de découvrir.
Béziers-Neussargues couvre 4 départements en partant de l’arrière-pays méditerranéen, en traversant le causse du Larzac pour arriver en moyenne montagne.
A travers cette BD, les auteurs expriment un réel coup de gueule face à la concentration de moyens donnés aux métropoles contre l’abandon des territoires ruraux à partir du moment où ils ne sont pas près d’un centre économique. La question posée est : Nous laisse-t-on vraiment le choix de nos moyens de locomotion à une époque où l’écologie est au cœur de tous les raisonnements ?
Cet ouvrage est presque construit comme un documentaire à la fois sur la vie du rail mais également comme un avertisseur sur l’avenir de notre patrimoine rural. Scénarisé par le photographe Alain Bujak qui se retrouve à prendre le premier rôle dans ce livre, à la fois comme personnage principal en tant que photographe pour se déplacer d’un point à un autre et pour faire passer des messages sur sa propre expérience et sur l’avenir de notre planète. Tout ceci est mis en scène par Elliot Royer dont c’est la première BD, un roman graphique, où il faut se laisser guider par le découpage de l’auteur.
Un livre qui ne manque pas d’intérêt et qui permet de s’ouvrir vers d’autres questions climatiques et économiques.